Maxime Chattam dévoile « Lux », son nouveau roman qui aborde (encore) un nouveau genre littéraire
LITTÉRATURE - Se plonger dans un roman de Maxime Chattam, c’est un peu comme ouvrir un Kinder Surprise géant. Le lecteur ne sait jamais à quelle sauce il va être mangé. Au fil des années, l’écrivain a embarqué avec lui sa communauté, de plus en plus nombreuse, dans une saga de young adult, des polars, des thrillers, des romans d’horreur. Lux ouvre encore un nouveau chapitre : celui du roman d’anticipation, véritable déclaration d’amour à Barjavel.
Dans le roman en librairie ce 2 novembre, une gigantesque boule de lumière apparaît sur une Terre malmenée par un climat de plus en plus chaotique. Zoé, une écrivaine en mal d’inspiration, et sa fille Romy voient leur quotidien bouleversé par ce phénomène que scientifiques, religieux, et sociologues ne parviennent pas à expliquer.
Cette diversité des genres, est un peu la marque de fabrique de Maxime Chattam. Un choix très assumé qui relève pour lui de sa vision du métier d’auteur. Il explique au HuffPost : « Tout dépend de comment vous envisagez le succès, vous pouvez le traiter à l’américaine, j’en connais beaucoup qui sont dans cette logique. Ils considèrent qu’il y a une recette, qu’on les attend sur un truc précis. Ils y restent donc pour respecter leur public, mais surtout leur business. »
Maxime Chattam ne nomme personne dans cette catégorie d’auteurs, mais ce n’est en tout cas pas sa philosophie de vie. « Moi je considère qu’avoir du succès vous permet à l’inverse, de ne pas vous emprisonner. Cela me permet de dire ’Je m’en fous, je ne serai pas le roi des ventes, ce n’est pas l’ambition.’ Je peux dire à mon lecteur ’non je n’ai pas envie de refaire éternellement le même genre, j’ai envie de changer’. »
Il le reconnaît, vendant des centaines de milliers d’exemplaires de ses romans, il a la chance de pouvoir se le permettre « J’ai le pouvoir financier de me dire ’tant pis si le prochain ne marche pas’, car j’ai de l’argent de côté et un contrat long et flexible avec mon éditeur. C’est une charge mentale en moins.»
Et il ne se prive donc pas pour le faire. D’Autre-Monde, à La Constance du Prédateur en passant par Un(e)secte ou l’Illusion, le fossé est parfois immense.
L’importance du sous-texte pour Maxime Chattam
Ces changements, parfois brutaux, de genres sont avant tout « égoïstes » comme il le reconnaît en riant : « C’est d’abord et avant tout pour moi, je l’avoue ». Mais c’est aussi au service d’un objectif bien plus honorable pour lui : aborder un thème qu’il estime essentiel, tout en divertissant. « J’ai besoin de savoir de quoi j’ai envie et besoin de parler. Un auteur doit avoir quelque chose à dire au-delà de son histoire. Une bonne idée, elle doit être au service d’un sous-texte. Si les lecteurs s’évadent et en prime se mettent à réfléchir, c’est gagné.»
Pour son nouveau roman Lux, c’est un constat général sur l’état du monde, climatique, géopolitique et sociétal, qui lui a offert son contexte, pour une histoire qu’il avait en tête depuis 20 ans.
Mais en bousculant ainsi son lectorat, l’écrivain en est conscient, il prend des risques. « Je sais en changeant comme ça, à chaque fois, que je vais décevoir des lecteurs. Probablement même en perdre certains qui vont se dire ’Oh Chattam il a vrillé je ne lis plus’. Mais je ne peux pas écrire avec ça en tête, sinon je deviens un outil au service d’un type de lecteurs. Ce n’est pas viable, enfin ça devient une entreprise, et ça se sentirait dans mes livres, je perdrais la passion. Je deviendrais redondant et probablement très ennuyeux. »
La « touche » Maxime Chattam comme repère
Mais si aucun roman de Maxime Chattam ne ressemble à un autre, l’auteur imprime sa patte dans chaque ouvrage. Ces « gimmicks et obsessions personnelles » rassurent aussi ses lecteurs, et Maxime Chattam tient à les glisser dans chacune de ses œuvres.
« J’ai mes marottes : la musique évidemment, mon obsession pour les sous-sols obscurs et tout ce qui est sous-terrain, les secrets de l’Histoire. Mais aussi, la nuance et l’importance du débat. Mes enfants, je les traumatise peut-être avec cette notion de nuance. C’est-à-dire accepter d’avoir des convictions et se battre pour elles, mais être à l’écoute de celles des autres pour pouvoir faire évoluer les siennes, et accepter d’avoir tort et de ne pas avoir la science infuse. »
Enfin il y a les animaux aussi, et particulièrement les chiens que Maxime Chattam prend plaisir à torturer « Je suis un amoureux des bêtes. Et j’ai découvert que je pouvais faire subir les pires horreurs à un personnage, les gens s’en remettaient toujours, en redemandaient. Mais si je faisais mal à un animal, les gens étaient traumatisés. Forcément, j’en joue. »
Maxime Chattam veut être là où on ne l’attend pas
Qu’on se le dise, aucun genre n’effraie l’écrivain. Il tient d’ailleurs à ce que sa communauté fidèle, les « chattamistes », en soit bien consciente. Il risque même de la surprendre grandement dans les années à venir. Il fera « très certainement » revenir certains des personnages qu’il a adorés, comme Atticus Gore de Un(e)secte, nous souffle-t-il. Mais il va aussi aller en terrain inconnu.
« Cela fait des années que ma femme me tanne, elle sait que je l’ai déjà en tête, j’ai dans les tiroirs, un roman d’amour. Donc un jour il va sortir. Et puis je travaille depuis que j’ai 17 ans à une saga de fantasy ultra-détaillée, ultra-précise, qui fera sans doute chier tout le monde, parce que ce sera lent, pointu dans le vocabulaire. Peut-être que je vais attendre la retraite et y passer 6 ans. Mais d’ici là, des idées j’en ai un paquet, donc ces changements de direction, ils ne sont pas près de s’arrêter. » Attachez vos ceintures.
Lux, de Maxime Chattam est paru le 2 novembre aux éditions Albin Michel.
À voir également sur Le HuffPost :
Le Grand Prix du roman de l’Académie française à Dominique Barbéris pour « Une façon d’aimer »