"Un mauvais signal" : la mise en pause du plan Ecophyto sur les pesticides indigne ONG et agriculteurs bio

Ce plan, dont Gabriel Attal a annoncé la mise en "pause" jeudi 1er février, vise à réduire de 50% les usages de pesticides d’ici à 2030. Pour plusieurs exploitants bio, cette décision est "un mauvais signal" lancé par le gouvernement.

Une décision qui divise. Parmi les nouvelles mesures annoncées par le Premier ministre Gabriel Attal ce jeudi 1er février pour répondre à la colère des agriculteurs, la mise en "pause" du plan Ecophyto, visant à réduire de 50% les usages de pesticides d’ici à 2030 - un plan particulièrement désapprouvé par les exploitants de grandes cultures - a été saluée par plusieurs syndicats agricoles.

"Le changement d’approche, et ça c’est l’engagement qui est pris sur Ecophyto, avec comme l’a dit le Premier ministre sa mise en arrêt, c’est une chose qui va dans le bon sens", a réagi lors d'un point presse Arnaud Gaillot, président des Jeunes agriculteurs.

"Ça reste un sujet"

Pour autant, cette décision est une aberration pour toute une partie de la profession, en particulier les agriculteurs bio. "Les pesticides représentent 43 millions de tonnes consommées par an en 2022, ça reste un sujet", fait valoir à BFMTV Loïc Madeline, exploitant bio.

"Ça reste un sujet pour les questions d’eau, de santé, de contaminations. L’abandon du plan Ecophyto, même si jusqu’à maintenant il n’a pas porté ses fruits, est pour nous un mauvais signal", martèle-t-il.

Cette mise en pause devient également un sujet d'inquiétude majeur pour certains agriculteurs victimes de pathologies liées aux pesticides. Christian Jouault, agriculteur atteint d'un cancer et membre du collectif des victimes de pesticides de l’Ouest, fait part de ses doutes.

"Quand je vois au collectif le nombre de gens qui sont malades des phytos, quand je pense à mon parcours, c’est mon deuxième cancer lié à l’utilisation des phytos et reconnu comme maladie professionnelle. On ne peut pas ignorer que les pesticides sont dangereux, c’est pas possible", s'indigne-t-il auprès de BFMTV.

Colère des ONG

Plusieurs ONG ont également réagi aux annonces gouvernementales. Générations Futures pointe ainsi "un recul majeur qui nous ramène 15 ans en arrière."

Greenpeace dénonce de son côté le gouvernement qui "décide de continuer à mettre en danger les agriculteurs et les agricultrices qui sont en contact permanent avec ces produits dangereux" et de "continuer à polluer l’environnement et détruire la biodiversité."

"Simplifier"

Gabriel Attal a souligné ce jeudi que cette mise en pause durera "le temps de mettre en place un nouvel indicateur", alors que l'indicateur central du plan, le Nodu - qui mesure l'usage des molécules par les exploitants - est contesté par des organisations agricoles.

"Nous allons donc remettre sur l'ouvrage le plan Ecophyto, le mettre donc en pause, le temps d'en retravailler un certain nombre d'aspects, de le simplifier", a pour sa part ajouté le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau.

Stratégie gouvernementale visant à réduire de moitié l'usage des pesticides, dont l'origine remonte au quinquennat de Nicolas Sarkozy, le plan Ecophyto a été l'une des principales raisons de la colère des agriculteurs, particulièrement par les producteurs de grandes cultures, les premiers concernés. Pour l'heure, cet arrêt par l'exécutif se fait sans remise en cause entière du plan.

Dans le sillage du Grenelle de l'environnement fin 2007, la France s'était fixée pour objectif de réduire de 50% l'usage des pesticides en dix ans, avec 2018 dans le viseur. C'est un échec indiscutable: loin de cet objectif, le recours aux produits phytopharmaceutiques a même augmenté de 5% sur la période 2011-2013 par rapport à la période 2009-2011.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Agriculture: le plan Ecophyto mis en pause par le gouvernement