Matisse-Kelly, un dialogue franco-américain

L’Atelier rouge (1911), d’Henri Matisse.  - Credit:Succession H. Matisse
L’Atelier rouge (1911), d’Henri Matisse. - Credit:Succession H. Matisse

Quelle ligne tracer entre Henri Matisse et Ellsworth Kelly, entre l'éblouissement des luminescences polychromes et la géométrie des panneaux sectionnés ? Sans doute un comparable jeu avec l'espace, où l'impact des coloris traverse l'œil pour frapper l'esprit.

Rassemblées autour d'une toile iconique de 1911, L'Atelier rouge, les expérimentations radicales de Matisse préludent aux ensembles monumentaux d'Ellsworth Kelly, fasciné (comme Rothko le fut aussi, du reste) par cette couche de rouge dit de Venise, sanguin et chaud, saturant l'étendue de la toile, recouvrant planchers et murs.

Mise en abyme

Venue du MoMa de New York, l'exposition consacrée à Matisse se centre en effet sur cette toile maîtresse, innovante au point d'être alors incomprise. Résidant avec son épouse et ses trois enfants dans une villa d'Issy-les-Moulineaux, le peintre connaissait une aisance récente grâce au goût d'un industriel russe du tissu, Sergueï Chtchoukine (à la collection duquel la Fondation Louis-Vuitton consacra en 2016 une exposition), se portant acquéreur avec assiduité des productions de l'artiste.

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Ayant installé dans son jardin une cabane en bois préfabriqué, l'ancien élève de Gustave Moreau y conçoit le projet d'un vaste tableau de deux mètres sur deux représentant onze peintures et sculptures déjà issues de son atelier.

Il s'agit donc d'une mise en abyme, de tableaux dans le tableau, p [...] Lire la suite