Maternité bombardée à Marioupol: l'influenceuse enceinte sort du silence, sur une chaîne YouTube pro-russe

L'influenceuse ukrainienne Mariana Vishegirskaya revient sur sa version du bombardement de la maternité de Marioupol dans une vidéo YouTube. - BFMTV
L'influenceuse ukrainienne Mariana Vishegirskaya revient sur sa version du bombardement de la maternité de Marioupol dans une vidéo YouTube. - BFMTV

C'est une photo qui a fait le tour du monde le 9 mars dernier. Mariana Vishegirskaya, une influenceuse ukrainienne, y apparaît enceinte et blessée, sortant de la maternité de Marioupol qui vient d'être bombardée par les forces russes. Très vite, la Russie assure que cette photo prise par un journaliste d'Associated Press est une mise en scène, et que Mariana Vishegirskaya est une actrice.

Trois semaines après la polémique, la jeune femme est réapparue sur les réseaux sociaux, mais cette fois-ci sur une chaîne YouTube tenue par un homme pro-russe. Et ses propos sont surprenants.

"Ce n'était rien de sérieux"

Assise sur un canapé, elle revient sur le bombardement de la maternité de Marioupol, et reprend la version de Moscou. Après avoir entendu deux "explosions", la jeune femme a été "couverte de verre" et a "des petites coupures, sur le nez, sous la bouche, sur le front", mais "ce n'était rien de sérieux", assure-t-elle.

"Après la seconde explosion on a été évacués au sous-sol, on s'est demandé si c'était un bombardement, et ils ont dit que ça n'en était pas un donc notre instinct a été confirmé. Nous n'avons pas entendu d'avion, eux non plus, et après les deux premières explosions il n'y en a pas eu d'autres, et on nous a dit d'évacuer parce que ce n'était rien de sérieux", raconte Mariana Vishegirskaya, corroborant ainsi la version russe, en minimisant les événements.

L'influenceuse ne s'est pas arrêtée là et a aussi partagé ce témoignage sur son compte Instagram, où elle est suivie par plus de 109.000 personnes.

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Or le bombardement qui a frappé la maternité de Marioupol a été documenté par des journalistes présents sur place. Associated Press a notamment expliqué avoir une vidéo avec "des preuves d’une frappe aérienne, y compris le bruit d’un avion avant l’explosion".

Les conditions de l'interview non connues

Dans l'interview diffusée sur YouTube, Mariana Vishegirskaya assure aussi avoir répété à plusieurs reprises au journaliste d'AP ne pas vouloir être filmée. Or, là encore, des enregistrements du reporter présent sur place contredisent ses propos. D'ailleurs la jeune femme a parlé à nouveau à des journalistes de l'agence de presse après avoir accouché, soit trois jours après le bombardement, et n'a pas non plus refusé à ce moment-là d'être filmée ou interviewée.

Les conditions dans lesquelles l'interview a été tournée interrogent, et aucune information n'est connue sur le lieu où se trouve Mariana Vishegirskaya. S'il n'est pas possible d'affirmer que la jeune femme a été enlevée et parle sous la contrainte, il n'est pas exclu qu'elle puisse faire partie des quelques milliers d'habitants de Marioupol illégalement déportés, selon les autorités locales, en Russie.

Article original publié sur BFMTV.com