Les masculinistes ne sont pas des monstres, ce sont des hommes

Les masculinistes sont à la mode. En témoigne le succès récent de plusieurs excellents travaux sur ce thème en France, comme l’essai de ma consœur Pauline Ferrari, Formés à la haine des femmes, ou bien le court métrage documentaire La Mécanique des fluides de l’artiste-chercheuse Gala Hernández López, récompensé d’un César. Cette médiatisation est une bonne chose : on doit prendre la mesure de la montée de l’antiféminisme et des discours misogynes, sur le web et en dehors. Hélas, cela inspire aussi des productions plus maladroites, comme le documentaire Mascus, les hommes qui détestent les femmes, diffusé la semaine dernière par France Télévisions.

Le journaliste Pierre Gault y met en scène sa découverte des masculinistes en ligne. Cette posture incarnée saborde d’emblée son sujet, complètement dépolitisé, remplacé par une quête personnelle et naïve. L’auteur se filme en train de scroller sur les chaînes YouTube et TikTok d’hommes qui traitent les femmes comme des animaux (heureusement, il regarde aussi des vidéos de chatons pour se détendre) ; il participe à un stage d’entraînement à l’affrontement physique (la voix-off insiste qu’il n’est « pas à l’aise ») ; est initié à la « drague de rue » (et finit par emmerder des filles en caméra cachée) ; peine à répondre aux mensonges d’un homme qualifié d’influenceur masculiniste (est-ce qu’on imaginerait donner la parole sans filtre à un « influenceur raciste » ou un « influenceur homophobe » ?).

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Crédits photos de l'image de une : Peggy devant de nombreux hommes // Source : Mad Men (AMC)