Martin Amis, « le Mick Jagger de la plume »

L'écrivain britannique Martin Amis en 1997.  - Credit:Ulf Andersen/Aurimages via AFP
L'écrivain britannique Martin Amis en 1997. - Credit:Ulf Andersen/Aurimages via AFP

Il était l'enfant terrible des lettres britanniques, un Peter Pan disruptif, le Mick Jagger de la plume. Né en 1949 à Swansea, Martin Amis avait grandi à l'ombre d'un père célèbre, le romancier Kingsley Amis, chef de file, avec Philip Larkin, des « Angry Young Men », cette génération d'auteurs qui colora d'insolence la grisaille anglaise de l'après-guerre.

Sans doute cet héritier allait-il appliquer aux années 1980-1990 une effronterie lettrée devenue chez lui vocation au scandale. En 1984, son roman Money, Money le projette en chroniqueur des abysses cocaïnés des années Wall Street, épopée transatlantique avec brokers dingues, soirées déjantées et mannequins hauts troussés.

Rogue, provocant, partageant avec son alter ego, l'essayiste Christopher Hitchens, un goût de la discordance politiquement incorrecte, ce contemporain de Bret Easton Ellis avait pourtant choisi pour maîtres Vladimir Nabokov et Saul Bellow, deux classiques du XXe siècle.

Tradition satiriste

D'une conversation conduite avec lui en 2013, on avait retenu un sens de la formule cinglante, celle d'un sculpteur de l'oralité produisant par le verbe des effets équivalant à une effraction punk. Il défendait alors son nouveau roman, Lionel Asbo, l'état de l'Angleterre, histoire d'un petit délinquant londonien gagnant au loto 40 millions de livres sterling et dont la vie, entre bimbos et anxiolytiques, tangentait alors celle d'une star de la télé-réalité.

« La culture de la classe ouvrière, déclarait-il [...] Lire la suite