Marseille : des militants anti-Airbnb dévastent un appartement pour se faire entendre

Ils entrent dans un Airbnb et le dévastent pour militer contre la plateforme - Getty Images

Un propriétaire marseillais a retrouvé l’appartement qu’il louait sur Airbnb couvert de tags militants, de farine et de papier toilette. C’est la deuxième fois qu’il est la cible d’une attaque anti-location de courte durée.

Lorsqu’il s’est rendu dans l’appartement qu’il loue sur la plateforme Airbnb le jeudi 16 mars dernier, Guillaume ne s’attendait pas à le trouver dans un tel état. Comme le rapporte le journal La Provence, ce T3 acheté à Marseille en 2018, situé dans le quartier central de La Plaine, était en effet dévasté. "On a retrouvé le logement entièrement vandalisé. La serrure avait été forcée et à l'intérieur, ils ont tagué tous les murs blancs en violet, la table à manger en rose, le canapé et les coussins en orange, les matelas et le parquet aussi, ils ont répandu de la farine et du papier toilette dans le salon…", raconte le trentenaire à nos confrères.

Ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il ne s’agit pas d’une attaque gratuite mais d’un acte militant. Les graffitis sur les murs ne sont pas des dessins ou des signatures, ce sont des messages : "Stop Airbnb", "Les logements c'est pour vivre, pas pour se faire de l'argent", "Un Airbnb = un quartier qui meurt", "Airbnb fait exploser les loyers, dégagez !" ou encore "Les appartements, c'est pour les habitant-e-s". En effet, depuis plusieurs années, des collectifs et des associations se battent contre la multiplication des logements Airbnb dans la cité phocéenne. Certains le font légalement, d’autres via des opérations coups de poing comme celle-ci.

Une victoire des militants

Probablement très identifié par les militants, l’appartement de Guillaume avait déjà été pris pour cible par le passé. En 2022, un groupe s’était infiltré dans le logement sans effraction pour retirer les siphons de la salle de bain et de la cuisine ainsi que les ampoules. Les auteurs du méfait avaient ensuite disparu sans laisser de trace ni de signature. "Je ne suis pas un fonds d'investissement étranger qui possède 15 appartements de tourisme, j'en ai qu'un seul comme la loi me le permet. Je déclare tout, je paye des impôts, la Ville perçoit une taxe de séjour... Ce bien, c'est pour mes enfants quand ils feront des études et à terme, ça me permettra d'avoir un complément de revenus pour la retraite", explique encore le jeune propriétaire.

Pour Guillaume, qui ne comprend donc pas ces attaques, le constat est pourtant clair : "Cette fois, ils ont gagné, je vais le remettre en location de longue durée. Ils ont aussi écrit : 'On vous suivra, partout où vous irez, on ira !'. Si je faisais du Airbnb, c'est parce que j'ai eu une mauvaise expérience avec des locataires : ils faisaient la fête jusqu'à 7 h du matin tous les week-ends et surtout, du jour au lendemain, ils ont arrêté de payer." Et d’ajouter : "J'ai mis dix mois à les faire sortir, ça m'a coûté beaucoup de temps et d'argent entre les loyers non versés et les frais de justice. C'est comme ça que j'en étais venu à le transformer en meublé touristique, je pensais être plus tranquille." Mauvaise stratégie donc puisqu’il en est désormais à 12 000 euros de perte.

VIDÉO - Vers une réglementation européenne des locations de courte durée