Marseille : Felix Bingui, narcotrafiquant marseillais et chef du clan Yoda arrêté au Maroc, ce que l’on sait

Marseille : Felix Bingui, narcotraficant marseillais et chef du clan Yoda arrêté au Maroc, ce que l’on sait (Photo d’un policier devant un point de deal de drogue à Marseille en décembre 2023)
NICOLAS TUCAT / AFP Marseille : Felix Bingui, narcotraficant marseillais et chef du clan Yoda arrêté au Maroc, ce que l’on sait (Photo d’un policier devant un point de deal de drogue à Marseille en décembre 2023)

TRAFIC DE DROGUE - « Le Chat » a fini de courir. Felix Bingui, chef d’un important gang de narcotrafic à Marseille, a été arrêté à Casablanca au Maroc, ce vendredi 8 mars, a annoncé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin dans un tweet, confirmant une information du Parisien.

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« Un des plus grands narcotrafiquants marseillais a été arrêté au Maroc. Bravo aux policiers qui poursuivent sans relâche le combat contre le trafic de drogue. Un grand coup est porté aujourd’hui au narcobanditisme grâce à notre coopération avec les autorités marocaines que je remercie », a écrit Gérald Darmanin sur X, anciennement Twitter. De son côté, le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone, a confirmé à l’AFP l’arrestation de l’homme de 33 ans.

Le clan Yoda, dont Félix Bingui, dit « Le Chat » donc, est à la tête, est accusé d’avoir déclenché une guerre sans merci et particulièrement meurtrière dans la cité phocéenne. Voici ce que l’on sait de l’affaire.

  • Qui est Felix Bingui ?

Âgé de 34 ans, Félix Bingui, surnommé « le Chat », est le chef des narcotrafiquants du clan Yoda. Né à Alès dans le Gard, il a fait, selon l’AFP, la majeure partie de sa « carrière » illégale à Marseille, en effectuant régulièrement des voyages entre la cité phocéenne et le Maroc.

Le trafiquant faisait l’objet d’un mandat d’arrêt d’un juge d’instruction marseillais pour « importation de stupéfiants en bande organisée, transport, détention, acquisition, cession de stupéfiants, association de malfaiteurs (...) blanchiment et non-justification de ressources », a précisé le parquet dans un communiqué cité par l’AFP.

Le Parisien précise que l’homme était, dans le cadre de ce mandat d’arrêt, visé par une notice rouge Interpol délivrée par la France. Depuis le déclenchement en février 2023 de « la guerre » avec un gang rival de la DZ Mafia, il avait fui au Maroc et n’était pas revenu depuis.

  • L’arrestation du Chat, une collaboration fructueuse avec le Maroc

Felix Bengui a pu être arrêté à Casablanca vendredi soir grâce à une « remarquable coopération des autorités marocaines », a annoncé le parquet dans un communiqué qui évoque un « travail minutieux et sans relâche » de l’Office français antistupéfiants, de la brigade des fugitifs de l’Office central de lutte contre le crime organisé et de la police judiciaire de Marseille.

En plus de cette importante arrestation, 19 « individus très recherchés » pour leur implication importante dans le trafic de drogue à Marseille ont été interpellés, dont certains à l’étranger, d’après l’AFP qui cite des chiffres de la préfecture de police des Bouches-du-Rhône.

La Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) du Maroc a complété ces informations, indiquant dans un communiqué cité par l’agence de presse locale MAP qu’un « ressortissant français faisant l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par les autorités françaises pour des affaires liées à la constitution de réseaux criminels s’activant dans le trafic international de drogues » avait été interpellé après une opération « visant à repérer et localiser tous les endroits où le prévenu pouvait trouver refuge dans plusieurs villes marocaines ».

« Le suspect a été placé en garde à vue avant d’être présenté samedi matin devant le parquet compétent à Casablanca, dans le cadre de la procédure d’extradition », selon le communiqué, qui n’indique pas combien de temps pourrait durer cette procédure.

  • Le clan Yoda et la DZ Mafia

Le clan Yoda a été baptisé en raison de peintures murales représentant une caricature peu flatteuse du personnage de la série cinématographique Star Wars, représenté en train de fumer un joint. Un personnage qui sert au gang à désigner certains de ses points de deal dans des cités de Marseille.

Quant à la DZ Mafia, dont les leaders revendiquent leurs origines algériennes, son nom est censé rendre hommage à la Mocro Mafia, selon Nice Matin. Il s’agit d’une autre organisation mafieuse marocaine qui fait des ravages aux Pays-Bas et en Belgique.

Les deux clans sont en conflit autour du quartier de La Paternelle, dans le nord de la ville. Cette zone est devenue le centre de ce conflit sanglant entre les bandes rivales.

  • Une guerre meurtrière aux dizaines de victimes

La rivalité meurtrière entre les deux organisations a débuté après la pandémie Covid, selon Le Parisien, lorsque les deals se sont faits plus rares, ainsi que la marchandise. Felix Bingui, qui possédait, lui, des stocks de stupéfiants, aurait alors profité du fait que le leader de la DZ Mafia, Abdelatif L., alias « Tic », soit en prison avec son frère pour étendre son réseau.

Une initiative qui a agacé fortement « Tic » à sa sortie de prison. Les relations se sont alors tendues, mais le conflit est longtemps resté larvé. Jusqu’à une soirée en février 2023 en Thaïlande, où les deux individus se retrouvent en discothèque et se provoquent. Selon Le Parisien, Felix Bingui aurait fini par vider un seau de glaçons sur la tête de son rival, l’humiliant devant une bande de voyous. La goutte de trop.

À des milliers de kilomètres de là, à Marseille, la guerre est déclarée. Commencent alors les fusillades et règlements de compte sanglants. Selon l’AFP, les deux clans ennemis sont considérés comme responsables de dizaines de meurtres en 2023 à Marseille, dont quatre victimes collatérales, et 123 blessées. Selon l’AFP, qui cite Pascal Bonnet, adjoint à la police judiciaire dans le sud de la France, 35 de la quarantaine de victimes recensées l’an passé à Marseille sont directement liés à ces rivalités entre deux clans.

Et pour cause : se trouve en jeu le contrôle des points de deal qui peuvent rapporter jusqu’à 80 000 euros de chiffres d’affaires quotidiens.

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