“Marre de l’ANC” : les électeurs infligent un revers sans précédent au parti de Mandela

“L’ANC est groggy, mais pas KO.” Le parti au pouvoir depuis 1994 en Afrique du Sud a subi un cinglant désaveu des électeurs lors des élections législatives organisées le 29 mai, tout en demeurant la première formation politique du pays, résume le Daily Maverick.

Selon des résultats quasiment complets, le Congrès national africain (ANC), “associé par de nombreux Sud-Africains à l’avènement de la liberté et de la démocratie”, a recueilli 40,2 % des voix. “Cela représente une chute de 17 points par rapport au dernier scrutin”, tenu en 2019, calcule le quotidien de Johannesburg.

“Un moment aussi sismique que délicat”

Sa majorité absolue évaporée, le parti jadis dirigé par Nelson Mandela va donc devoir négocier avec ses concurrents en vue de la création d’une coalition gouvernementale. L’Alliance démocratique (DA), deuxième force politique du pays, a glané à ce stade 22 % des voix, contre 15 % pour Umkhonto we Sizwe (MK), dirigé par l’ancien président sud-africain et ex-membre de l’ANC Jacob Zuma.

“Le visage de la politique en Afrique du Sud vient de changer pour toujours, souligne le quotidien Mail & Guardian, samedi 1er juin, à Johannesburg. C’est un moment aussi sismique que délicat pour la démocratie. À droite, à gauche, et surtout au sein de la classe moyenne, on réclamait la fin de la domination de l’ANC. Nous y voici.”

Donner leur chance aux autres

Le socle électoral du parti de Cyril Ramaphosa, chef de l’État depuis 2018, s’est effrité sous le poids des affaires de corruption et des mauvais résultats économiques enregistrés ces dernières années. “Un chômage persistant et des coupures de courant à répétition symbolisent la gouvernance du pays sous l’ANC”, déplore le Daily Maverick. De nombreux fidèles de l’ANC ont donc préféré rester chez eux, comme dans le bastion de Soweto, où la participation était annoncée en baisse.

D’autres auraient même préféré une défaite encore plus lourde, rapporte la BBC. Une électrice du parti depuis 30 ans, rencontrée par le média de service public britannique, confiait samedi en avoir marre de “l’ANC, l’ANC, l’ANC”. Citant la crise du coup de la vie et les mesures anti-Covid “qui ont fait perdre leur emploi aux gens”, l’habitante de Johannesburg a choisi de confier son vote à la DA. “Ce résultat n’est pas assez bon. Je voulais que l’ANC ne soit plus au gouvernement. Il faut donner sa chance à quelqu’un d’autre.”

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