Maroc : «L’avortement se fera là, sur une chaise en plastique»

Maroc : «L’avortement se fera là, sur une chaise en plastique»

Dans un pays où les interruptions de grossesse sont punies de prison, des femmes et des praticiens témoignent des conditions souvent catastrophiques dans lesquelles ces IVG sont pratiquées.

Myriem Barakat, 27 ans, a travaillé plusieurs années comme femme de ménage dans un cabinet médical de Meknès. Depuis le 1er avril 2013, elle purge une peine d’un an et demi de prison ferme. Son crime : ne pas avoir dénoncé les avortements qui se pratiquaient dans ce cabinet. L’assistante et l’infirmière qui travaillaient auprès du docteur Mohamed Aziz Lahlou ont subi la même condamnation. Quant au gynécologue, il a écopé de dix ans de prison ferme. Tous fait appel mais ils sont toujours en prison.

Les articles qui régissent l’avortement au Maroc sont hérités du protectorat (1912-1956) et du code pénal français. Quiconque en a provoqué est puni de un à cinq ans d’emprisonnement. Dix à vingt ans si cela a entraîné la mort. Et quand «l’individu se livre habituellement à ces actes, les peines sont doublées.» Les femmes qui avortent écopent, elles, de six mois à deux ans. «En théorie, nous devrions dénoncer les femmes qui arrivent à l’hôpital après un avortement raté, dit le docteur Chakib Chraibi, qui dirige depuis 1984 la maternité des Orangers, à Rabat. Nous devons aussi dénoncer les célibataires qui viennent accoucher à la maternité.» Car le Maroc punit l’avortement et les relations sexuelles hors mariage. «Sauf que, si nous le faisions, ces femmes auraient peur de venir à l’hôpital, elles risqueraient de mourir, ou d’abandonner leur nourrisson dans des poubelles, ce qui arrive encore régulièrement.»

Choc septique ou intoxication aiguë

En trente ans de service au CHU de Rabat, Chakib Chraibi a accumulé les témoignages. Il les a répertoriés : «K.T., 19 ans, admise à la maternité, le col de l’utérus déchiré par l’introduction d’un objet contondant dans le vagin […]. Elle décédera 48 heures plus tard de choc septique ; B.S., 19 ans, admise aux urgences pour tétanos, l’examen révèle des (...)

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