Marlène Schiappa à la tête d’une cellule d’écoute à Renaissance qui ne fera pas « de procès staliniens »

La Secrétaire d’État Marlène Schiappa, ici à l’Élysée le 31 août, prend la tête d’une cellule d’écoute sur les violences sexistes et sexuelles à Renaissance.
LUDOVIC MARIN / AFP La Secrétaire d’État Marlène Schiappa, ici à l’Élysée le 31 août, prend la tête d’une cellule d’écoute sur les violences sexistes et sexuelles à Renaissance.

LUDOVIC MARIN / AFP

La Secrétaire d’État Marlène Schiappa, ici à l’Élysée le 31 août, prend la tête d’une cellule d’écoute sur les violences sexistes et sexuelles à Renaissance.

POLITIQUE - Pour Renaissance, il s’agit « d’apprendre des erreurs des autres et des nôtres ». Le parti présidentiel va renouveler le fonctionnement de sa cellule interne de « protection contre les violences sexistes et sexuelles », annonce ce vendredi 30 septembre la secrétaire d’État Marlène Schiappa dans Le Parisien.

Baptisée « Prévention écoute action » (Péa), cette cellule composée de dix membres et présidée par Marlène Schiappa elle-même organisera des campagnes de communication interne et sera également chargée de recueillir la parole des victimes.

Cette parole pourra être « transmise à la Commission des conflits du mouvement, en vue d’éventuelles sanctions pouvant aller jusqu’à l’exclusion », précise la secrétaire d’État à l’Économie sociale et solidaire. « Nous pourrons aussi transmettre à la justice et accompagner vers la plainte », ajoute-t-elle.

« Pas de justice expéditive, pas de procès staliniens »

« Nous ne sommes pas un parti de justice expéditive, de procès staliniens. Nous n’allons pas singer la justice avec de faux procureurs, de faux juges et des petits marteaux », prévient Marlène Schiappa, évoquant « une structure indépendante sérieuse ».

Pour elle, la cellule existant au sein de la France insoumise - et qui n’est pas intervenue dans le cas d’Adrien Quatennens concernant ses violences contre son épouse -, avait « plutôt tendance à étouffer les affaires ». Quant à celle d’Europe Écologie-Les Verts, qui instruit actuellement les allégations de violences psychologiques du député Julien Bayou envers son ex-compagne, elle est selon Marlène Schiappa « opaque ».

« Les cellules de ces partis sont des échecs et je le déplore », critique-t-elle auprès du Parisien.

« Comme toutes les révolutions, ça se fait en coupant des têtes »
François Ruffin, député LFI

Forcément « imparfaites », de l’aveu des partis qui en comprennent en leur sein, les cellules internes sont censées avoir un devoir d’impartialité et respecter le contradictoire. Comme celles qui existent dans des centaines d’entreprises menant des enquêtes sans intervention de la police ni de la justice. Mais le respect de la présomption d’innocence n’est pas forcément prioritaire, défendent plusieurs personnalités de la Nupes.

« Il y a une présomption de crédibilité, jusqu’à ce que cette présomption tombe parce qu’il y a des preuves que, en fait, elle n’était pas crédible », estime Laurence Rossignol, ancienne ministre des Droits des femmes.

La révolution féministe, « comme toutes les révolutions, ça se fait en coupant des têtes et, parfois, en faisant des charrettes », assure François Ruffin, député LFI.

« Ce qui est important, c’est de réfléchir aux comportements dont on considère qu’ils sont en infraction avec des valeurs – pas forcément avec le Code pénal ou avec la loi —, mais qu’ils rendent des personnes inaptes à exercer des fonctions » politiques, conclut Marilyn Baldeck, directrice de l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail, interrogée sur France Inter.

Cellule interne contre justice

Avec la mise en retrait d’Adrien Quatennens chez LFI et Julien Bayou chez EELV, le sujet est sensible au sein des partis et les avis sont très tranchés : attendre que la justice fasse son œuvre ou faire la lumière en interne.

« On est sur une ligne de crête un peu subtile », expliquait Laurence Rossignol, sénatrice PS la semaine dernière. « Nous ne pouvons pas nous référer uniquement à la justice, pas simplement parce que la justice est lente (mais) parce qu’on le sait, une plainte sur dix pour viol aboutit à une condamnation », estimait-elle.

Car « c’est d’abord en interne que ça va se régler », sans attendre une éventuelle sanction pénale. Elle cite le cas de Damien Abad, resté cinq semaines ministre des Solidarités, alors qu’une enquête préliminaire a été ouverte pour tentative de viol, après plusieurs plaintes classées sans suite.

Une organisation politique doit-elle pallier ces faiblesses, régulièrement dénoncées par les associations ? D’autant plus si elle a placé la lutte contre les VSS et pour le féminisme au centre de ses valeurs ?

Non, répond la majorité. « L’enceinte judiciaire est le seul endroit en démocratie où se rend la justice », soutient le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, critiquant une « justice de droit privé ».

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