Mark Rothko à la Fondation Louis Vuitton : Lumière flottante

Vêtu du traditionnel costume noir des écoliers talmudiques, Mark Rothko a 10 ans en cette fin d’année 1913 lorsqu’il arrive à Portland, dans l’Oregon. Accrochée autour de son cou, une pancarte indique : « I don’t speak english ». Fils d’un pharmacien juif de la ville de Dvinsk (Lettonie), il rejoint sa famille qui a fui la Russie tsariste où se multiplient les persécutions et la violence des pogroms. La terre américaine devait être un asile protecteur. Elle sera pour lui un déracinement forcé dont il gardera un profond sentiment de tristesse.

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Le père meurt un an après leur arrivée, les premières années sont financièrement difficiles. Le jeune Mark vend des journaux dans la rue, obtient une bourse pour entrer à l’université Yale – dont il sort sans diplôme –, tout en se heurtant à la xénophobie montante. Il se découvre une vocation pour l’art un peu par hasard, en allant chercher un ami à son cours de dessin. « En un instant, j’ai compris que ce serait ma vie. »

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Études à l’Art Students League de New York, premiers tableaux dans les années 1930, réalistes : scènes de rue et du métro où passent des silhouettes fantomatiques écrasées de solitude. Autoportrait, regard caché par d’étranges lunettes, bleu profond. Quelques mythologies qui frôlent parfois l’esprit de De Chirico. Pas de quoi « élever la peinture à l’intensité qu’atteignent ...


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