Publicité

Quand Marine Le Pen niait toute invasion de la Crimée par la Russie à la télévision américaine

Le président russe Vladimir Poutine rencontre Marine Le Pen, alor candidate à l'élection présidentielle du Front National, au Kremlin à Moscou, le 24 mars 2017 - Mikhail KLIMENTYEV © 2019 AFP
Le président russe Vladimir Poutine rencontre Marine Le Pen, alor candidate à l'élection présidentielle du Front National, au Kremlin à Moscou, le 24 mars 2017 - Mikhail KLIMENTYEV © 2019 AFP

L'entretien remonte au 1er février 2017 mais l'extrait s'invite dans le débat de cette présidentielle 2022. Dans une interview accordée à la chaîne américaine CNN il y a cinq ans - et republiée notamment par la journaliste Marine Turchi le 7 avril dernier-, Marine Le Pen niait toute invasion de la Crimée par la Russie. Une région dont elle assurait alors que les habitants se "sentaient russes".

Ces propos jurent avec son positionnement actuel quant à la guerre menée par le Kremlin en Ukraine et son soutien affiché envers certaines des sanctions décidées contre la Russie. L'extrait souligne aussi la bienveillance qu'elle a longtemps revendiquée à l'égard de Vladimir Poutine.

"Il n'y a pas eu d'invasion, il faut arrêter!"

La Crimée, jusqu'alors province méridionale de l'Ukraine, a été rattachée à la Russie dans la foulée d'un référendum organisé le 16 mars 2014. Cette annexion est survenue dans le sillage de la révolution initiée Place Maïdan à la fin de l'année 2013 et sur fond de tensions entre Kiev et séparatistes de l'est du pays.

Marine Le Pen est revenue sur cet épisode trois ans plus tard, en livrant son interprétation personnelle. Alors qu'elle est interrogée par une journaliste de CNN sur ses liens avec la Russie le 1er février 2017, elle fait d'abord valoir: "Il y a eu une référendum en Crimée". Avant de s'écrier, à l'issue d'une relance de son intervieweuse:

"Mais il n'y a pas eu d'invasion de la Crimée, il faut arrêter!"

"La Crimée a toujours été russe. Elle a été donnée à l'Ukraine il n'y a pas très longtemps par les Soviétiques. Mais la population se sent russe", continue-t-elle, adoptant ici la vision historique du Kremlin. Evoquant encore le référendum, elle poursuit:

"On ne peut pas être démocrate quand ça nous arrange, et rejeter la démocratie quand ce n'est pas le cas".

Parallèlement, elle condamne le mouvement pro-occidental né Place Maïdan et ayant renversé le gouvernement ukrainien en décembre 2013.

"Il y a eu un coup d'État en Ukraine. Ce n'est pas seulement mon avis, c'est la réalité, un coup d'État."

Des sanctions contre la Russie d'une "stupidité totale" selon Marine Le Pen en 2017

Autant dire qu'elle désavoue nettement en ce mois de février 2017 les sanctions décrétées par la communauté internationale contre la Russie pour son implication dans les troubles séparatistes et l'annexion de l'Ukraine.

"Ces sanctions sont une stupidité totale. Elles n'ont rien réglé, elles n'ont fait que créer des problèmes économiques à l'Union européenne. Elles n'ont pas de sens", estime-t-elle.

Cinq ans plus tard, la donne a bien changé. Pas question pour Marine Le Pen de nier l'agression de l'Ukraine par la Russie, et la candidate du Rassemblement national à la présidentielle à même soutenu explicitement les sanctions à l'égard de la Russie. Certaines d'entre elles en tout cas.

"Je ne suis pas pour la levée des sanctions. Je me suis juste positionnée sur les sanctions concernant l’énergie, car je ne veux pas que les Français subissent les conséquences. Je me suis positionnée parfaitement pour l’intégralité des autres sanctions", a-t-elle ainsi noté ce mardi sur France Inter.

876450610001_6303691136001

Une interview puis une rencontre

Tout de même, l'exhumation de cette archive de CNN durant cette nouvelle présidentielle vient rappeler l'ancienne proximité revendiquée par Marine Le Pen à l'endroit de Vladimir Poutine. Le 24 mars 2017, soit moins de deux mois après son interview à la télévision américaine, elle rencontrait même le président russe à Moscou. Un rendez-vous immortalisé par les photographes.

Le cliché s'est retrouvé dans le premier tract électoral de la candidate lors de cette campagne 2022. Une image devenue subitement embarrassante depuis le 24 mars dernier et l'entrée des troupes russes en Ukraine.

Article original publié sur BFMTV.com