Marine Le Pen tournée vers 2017 au Congrès du FN

En attendant d'être réélue à la présidence du Front national, qu'elle a pris il y a trois ans et qu'elle est seule à briguer dimanche, Marine Le Pen est apparue samedi à Lyon dans les habits de candidate ambitieuse à la présidentielle de 2017. /Photo prise le 30 novembre 2014/REUTERS/Robert Pratta

par Catherine Lagrange LYON (Reuters) - En attendant d'être réélue à la présidence du Front national, qu'elle a pris il y a trois ans et qu'elle est seule à briguer dimanche, Marine Le Pen est apparue samedi à Lyon dans les habits de candidate ambitieuse à la présidentielle de 2017. Celle qui vise une qualification au second tour dans deux ans et demi a été accueillie aux cris de "Marine présidente" et par une ovation des militants réunis pour le 15e Congrès du parti à son arrivée sur scène. Elle s'y est montrée aux côtés des dirigeants des formations d'extrême-droite russe, autrichien, italien, flamand, bulgare, tchèque ou néerlandais, dont plusieurs ont parlé d'elle comme la prochaine chef de l'Etat français. "Marine Le Pen est la prochaine présidente de la France", a lancé le néerlandais Geert Wilders, fondateur du Parti pour la Liberté qui avait signé, en 2010, un accord de majorité de gouvernement sans toutefois entrer dans l'exécutif. "Mon parti est le plus grand des Pays-Bas selon les sondages, tout comme le Front national est le premier parti de France. L'avenir appartient aux patriotes de l'Europe", a-t-il ajouté, sous les hourras de l'assemblée. Il s'est aussi assuré un succès en reprenant le thème de la sécurité et de l'immigration, dont Marine Le Pen sait qu'elle doit ne pas en faire l'unique pierre angulaire de sa doctrine si elle veut réussir en 2017. "Comme vous, nous ne voulons pas que les étrangers viennent dans notre pays et disent qu'ils sont maîtres chez nous. Mettez les dehors et ne les laissez jamais revenir ! Nous ne voulons pas qu'une culture étrangère et barbare nous prive de nos libertés", a lancé Geert Wilders, connu notamment pour un film brûlot sur le Coran. SUCCÈS POUR MARION LE PEN En retour, la présidente du Front national s'est plutôt attaquée aux institutions et a évoqué une vision commune de l'Europe, quelques mois après la victoire de sa formation aux élections européennes en France. "On nous accuse à tort d'être contre l'Europe, mais nous sommes pour celle qui va de l'Atlantique à l'Oural et non de Washington à Bruxelles", a lancé Marine Le Pen, qui a promis un référendum sur la sortie de l'euro si elle était élue en 2017. "Et nous ne sommes pas les seuls à vouloir une Europe des nations et des libertés", a-t-elle ajouté, en attendant un discours qui devrait être davantage orienté sur la politique nationale, dimanche en clôture du Congrès. Samedi, les quelque 2.000 délégués réunis pour deux jours ont aussi élu le comité central, forme de parlement du FN, et offert un succès à la benjamine de l'Assemblée nationale, Marion Maréchal-Le Pen. Si les résultats officiels doivent être publié dimanche, ils ont été largement diffusés et font état de plus de 80% de voix pour la petite-fille du fondateur du parti, Jean-Marie Le Pen, qui aurait recueilli le plus grand nombre de voix. Elle a notamment devancé le très présent et médiatique Florian Philippot, actuel numéro deux, qui incarne une sensibilité différente et serait seulement le quatrième mieux élu. "Pour mon élection aux législatives, je bénéficiais d'une double notoriété, celle du nom Le Pen et celle du FN. Ce score est une reconnaissance de mon propre mérite", a dit la députée du Vaucluse à des journalistes. Elle a néanmoins cherché à atténuer les tensions naissantes autour de son ascension, refusant le poste de vice-présidente pour éviter un "front familial" parce que "trois Le Pen dans cet exécutif pourrait prêter le flanc à ce genre d'accusation". Elle s'est aussi rangée officiellement derrière Jean-Marie Le Pen dans la perspective des élections régionales de 2015 si celui-ci confirme vouloir être tête de liste dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Et tandis que ses dirigeants jouaient l'apaisement, des violences ont eu lieu en marge d'une manifestation anti-FN qui a réuni près 3.000 personnes à l'appel d'organisations anti-racisme. La police a dû faire usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour faire se disperser quelques centaines de casseurs encagoulés qui ont brisé des vitrines en centre-ville et ont lancé des projectiles sur les forces de l'ordre. Plusieurs ont été interpellées. (Edité par Gregory Blachier)