Marie-Océane dit vouloir alerter sur les risques du Gardasil

Lors d'une conférence de presse lundi à Bordeaux, Marie-Océane Bourguignon (au centre), qui impute la sclérose en plaques dont elle souffre au vaccin Gardasil contre le cancer de l'utérus, a expliqué avoir porté plainte pour mettre en garde les autres jeunes filles sur les risques encourus. /Photo prise le 25 novembre 2013/REUTERS/Thomas Richard

par Claude Canellas BORDEAUX (Reuters) - Marie-Océane Bourguignon, qui impute la sclérose en plaques dont elle souffre au vaccin Gardasil contre le cancer de l'utérus, a expliqué lundi avoir porté plainte pour mettre en garde les autres jeunes filles sur les risques encourus. La plainte visant Sanofi Pasteur MSD et l'Agence nationale de sécurité du médicament a été déposée vendredi pour "violation d'une obligation manifeste de sécurité et méconnaissance des principes de précaution et prévention". Sanofi Pasteur MSD a démenti de son côté tout lien entre le Gardasil et la survenue de cas de sclérose en plaques. "Les études conduites en France et dans le monde pour évaluer l'association éventuelle entre la vaccination anti-HPV et la survenue de cas de sclérose en plaques n'indiquent aucune augmentation du risque d'apparition de cette maladie", a déclaré le laboratoire pharmaceutique dans un communiqué. Mais un autre avocat d'un cabinet parisien a annoncé le dépôt d'autres plaintes d'ici quinze jours au même tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour blessures involontaires et des infractions connexes comme la publicité trompeuse. Marie-Océane Bourguignon, 18 ans, a justifié sa plainte par le souci d'informer les autres jeunes filles sur les risques du vaccin. Plus de 136 millions de doses de Gardasil ont été distribuées à travers le monde depuis son lancement en juin 2006, selon Sanofi Pasteur MSD. "Mon médecin traitant m'a fait une ordonnance pour le Gardasil et je lui ai fait confiance. Mais dans les quinze jours les premiers symptômes sont apparus. Je ne sentais plus ma jambe et mon bras", a dit la jeune fille lors d'une conférence de presse, accompagnée de ses parents. INFORMATION LOYALE Marie-Océane a reçu deux injections de Gardasil le 11 octobre et le 13 décembre 2010, alors qu'elle avait 15 ans. "On a attendu que notre fille aille mieux pour engager cette action. Aujourd'hui sa scolarité est compliquée, elle ne peut pas faire de semaines entières", a dit la mère de la jeune-fille. Jean-Jacques, le père, a précisé en montrant des photos de sa fille dans un fauteuil roulant que Marie-Océane avait été hospitalisée à de nombreuses reprises et qu'elle avait perdu temporairement la vue et l'usage de ses jambes. "Les attaques de la maladie étaient très violentes. Le lien entre le vaccin a été très vite fait à l'hôpital de Dax", a-t-il affirmé. Selon leur avocat, Me Jean-Christophe Coubris, le diagnostic d'encéphalomyélite aigüe disséminée ou de sclérose en plaques a été rapidement posé. Saisie par les parents de Marie-Océane, la Commission de conciliation et d'indemnisation des accidents médicaux (CCI) d'Aquitaine a conclu en juin 2013 selon l'avocat au "lien d'imputabilité entre le vaccin et la pathologie". Elle a cependant limité à 50% de ses préjudices l'indemnisation de la jeune fille "au motif d'un état antérieur non identifié mais laissant supposer une vulnérabilité génétique". Me Coubris a dit n'avoir aucune idée pour le moment du nombre de patientes susceptibles de porter plainte. "Il est apparemment évident au vu des réactions des 24 dernières heures qu'il y a un très grand nombre de victimes qui ont malheureusement des effets secondaires gravissimes suite à l'injection de ce vaccin", a-t-il dit. Le père de Marie-Océane, qui a fait recherches sur la maladie de sa fille et ses causes éventuelles, a précisé qu'il connaissait par l'intermédiaire des réseaux sociaux "une centaine de familles qui sont dans le même cas". L'avocat ne demande pas le retrait du vaccin mais une information loyale. "Il y a un risque, il est faible mais il y a un risque. Probablement qu'il faut un terrain favorable pour déclencher ces maladies auto-immunes, mais j'aimerais à travers cette information qu'on puisse s'inquiéter aussi de la gravité de ce cancer en France", a-t-il dit. Pourtant, les données internationales "ne montrent aucun lien" entre le Gardasil et la sclérose en plaques, a affirmé lundi sur RTL le président du comité technique des vaccinations Daniel Floret, estimant qu'on "montait en épingle" des effets pervers "éventuels". Edité par Gérard Bon