Marie-Christine Barrault : « J’aimerais bien mourir les yeux ouverts »

La comédienne Marie-Christine Barrault, à Paris.  - Credit:© Astrid di Crollalanza
La comédienne Marie-Christine Barrault, à Paris. - Credit:© Astrid di Crollalanza

Il y a eu le père, parti trop tôt et dans un silence épais. Il y a eu un beau-père, haï avec ardeur, qui, au moment de mourir, a pris soin de lui adresser une dernière lettre, des mots d'apaisement. Il y a eu l'oncle Jean-Louis, resté jusqu'au bout la même icône inatteignable. Il y a eu le mari Roger Vadim, accompagné jusqu'à son tout dernier souffle. Dans Si tu savais, c'est merveilleux (Stock), la comédienne Marie-Christine Barrault, 79 ans, fait le récit des deuils qu'elle a traversés et de la façon dont ils l'ont construite, elle qui s'est longtemps perçue comme une femme « en kit ». Et qui continue, résolument, de travailler à être heureuse.

Le Point : Évoquant la disparition de Roger Vadim, vous utilisez une image saisissante : vous vous décrivez en femme enceinte de cette mort et vous dites que vous en avez d'une certaine manière accouché.

Marie-Christine Barrault : Elle m'est venue tout de suite, cette idée d'accouchement. Avec la naissance de mes enfants, la mort de Vadim fait partie des moments les plus forts de ma vie. Cet homme que j'aimais si intensément, j'ai eu la chance inouïe de l'accompagner jusqu'au bout : dans les derniers temps, je ne le quittais que pour jouer. Deux jours avant sa mort, j'ai fait un aller-retour au Havre dans la soirée en lui disant : « Tu m'attends. » Et ce jour-là, alors que je sentais qu'il partait, je lui ai pris la main, je l'ai posée sur mon ventre et je me suis mise à respirer au même rythme que lui, comme nous l [...] Lire la suite