« En marge de Roland-Garros, il est urgent d’agir pour la santé des femmes » - Tribune

Marion Bartoli et sa fille
Mubadala/SevenMedia Marion Bartoli et sa fille

TRIBUNE - Au-delà des titres et des trophées, à Roland-Garros, la Women’s Tennis Association (WTA) lutte pour l’égalité des sexes depuis plus de 50 ans dans l’espoir que toutes les femmes et les filles puissent atteindre leur plein potentiel. S’il y a une chose pour laquelle aucune femme ou fille ne devrait avoir à se battre, c’est son droit le plus fondamental d’être en bonne santé et de bénéficier d’une nutrition adaptée, c’est pourquoi nous mobilisons le pouvoir international du tennis afin de changer la donne sur cette question urgente.

Alors que le monde continue de faire face à des crises simultanées (catastrophes humanitaires, guerres et changement climatique), le nombre de personnes souffrant de malnutrition augmente. Comme trop souvent, ce sont les femmes et les filles qui en pâtissent le plus.

« Chaque femme dans le monde, peu importe où et dans quelles circonstances elle vit, a le droit d’être en bonne santé et de bénéficier d’une nutrition adaptée »

Aujourd’hui, plus d’un milliard de femmes et de filles sont sous-alimentées, ce qui a des effets dévastateurs sur leur santé et leur bien-être à long terme et celui de leurs enfants. On observe un écart nutritionnel croissant entre les sexes, car les femmes et les filles sont plus susceptibles de souffrir de malnutrition que les garçons et les hommes. Les filles souffrant de malnutrition sont moins susceptibles de poursuivre leurs études et de gagner un revenu à l’âge adulte. Quant aux femmes, elles sont plus exposées à des complications graves pendant la grossesse et l’accouchement. Leurs propres enfants sont plus susceptibles de souffrir de retards de développement qui peuvent les empêcher d’atteindre leur plein potentiel à l’âge adulte.

Cette crise de santé publique est mondiale et a un impact avéré sur la santé et l’avenir de générations entières de femmes. Nous pouvons et devons faire plus pour les soutenir.

Il existe des solutions prêtes à être déployées immédiatement pour améliorer la santé et la nutrition des femmes dans le monde entier. Un exemple : les vitamines prénatales. Pendant la grossesse, les besoins nutritionnels des femmes sont 50 % plus élevés. Grâce à une cure complète de vitamines prénatales, les femmes reçoivent des nutriments essentiels dont elles peuvent manquer dans leur alimentation. Ces vitamines et minéraux sont essentiels à une grossesse en bonne santé. Elles réduisent considérablement le risque de mortinaissance, de décès périnatal et d’accouchement de bébés petits et vulnérables tout en protégeant la santé de la femme elle-même.

Nous pouvons fournir aux femmes des pays à revenu faible ou intermédiaire des vitamines prénatales pendant toute la durée de leur grossesse pour seulement 2,50 €, soit moins qu’une tasse de café. Pourtant, aujourd’hui, moins de 10 % des femmes dans le besoin y ont accès. C’est inacceptable.

En mars prochain, le Gouvernement français a une occasion historique de mobiliser les actions et les investissements pour la nutrition des femmes en accueillant le Sommet « Nutrition pour la Croissance » , un moment crucial de financement pour la nutrition mondiale. La France se positionne depuis longtemps comme un acteur incontournable en matière de nutrition et d’autonomisation des femmes. Aussi, le pays est bien placé pour concrétiser cette ambition.

Il y a plus de 30 ans, un groupe de chercheurs et de dirigeants français issus du milieu des affaires, du gouvernement et de la société civile a transformé la façon dont nous prenons en charge les enfants gravement sous-alimentés avec l’invention et l’introduction des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi (ATPE), un traitement salvateur encore utilisé aujourd’hui. Et le Fonds Français Muskoka a apporté une immense contribution dans le domaine de la santé et de la nutrition maternelle, néonatale et infantile. En 2021, lors du dernier sommet « Nutrition pour la Croissance », la France a ainsi pris des engagements audacieux pour financer la nutrition en réponse aux besoins mondiaux croissants.

En marge de Roland-Garros, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, la Fondation WTA et la Fondation Gates ont réuni des leaders du tennis, des gouvernements, des acteurs philanthropiques, des pays de l’ONU et des protagonistes de la société civile afin de tenir un dialogue de haut niveau sur la santé et la nutrition des femmes.

Lors de l’événement, le ministère a annoncé que l’accent serait mis sur le genre au cours de l’édition 2025 du sommet. C’est la première fois qu’un gouvernement-hôte accorde la priorité à cette question cruciale. Ce rassemblement à Roland-Garros s’est félicité des nouveaux engagements pris en faveur de la nutrition maternelle à hauteur de 125 millions de dollars américains, ce qui représente le premier engagement officiel avant le sommet de 2025. Et ce n’est que le début.

Alors que nous continuons de lutter contre la montée de la malnutrition et de la faim, l’année à venir sera d’une importance toute particulière. Aux côtés de nos partenaires, nos fondations respectives continueront à travailler avec des dirigeants français pour faire de la nutrition des femmes une priorité mondiale. Parce que chaque femme dans le monde, peu importe où et dans quelles circonstances elle vit, a le droit d’être en bonne santé et bénéficier d’une nutrition adaptée. Et quand les femmes prospèrent, nous sommes tous gagnants.

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