Comment Marcus Thuram s'est déjà rendu indispensable à l'Inter Milan

Un point noir au cœur d’une saison jusque-là presque parfaite. Solide leader de Serie A à l’heure de se déplacer au Genoa ce vendredi (20h45) et qualifié pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions en ayant terminé la phase de groupes invaincu, l’Inter Milan peut nourrir un seul vrai regret à l’heure de boucler 2023 : son élimination dès les huitièmes de finale de la Coupe d’Italie, le 20 décembre. Doubles tenants du titre, les Nerazzurri avaient subi la loi du Bologne de Thiago Motta, un soir où Simone Inzaghi s’était résolu à aligner plusieurs seconds couteaux. Comme Marko Arnautovic. En panne de confiance, l’Autrichien de 34 ans avait vécu un calvaire, trouvant le moyen de vendanger deux énormes occasions pour l’une de ses rares titularisations. Inzaghi s’était alors empressé de le renvoyer sur le banc pour lancer celui qui est vite devenu incontournable aux côtés de Lautaro Martinez : Marcus Thuram.

Décisif face aux gros

Septième joueur le plus utilisé par Inzaghi depuis le début de la saison, avec 1.661 minutes au compteur, le Français de 26 ans est un modèle d’adaptation réussie. Toutes compétitions confondues, sa feuille de stats facture déjà sept buts et neuf passes décisives en dix-sept apparitions. Plus que correct pour un joueur recruté libre après quatre années passées en Allemagne au Borussia Mönchengladbach. Alors qu’il était dragué par le PSG l’été dernier, "Tikus" ne s’est visiblement pas planté en posant ses valises en Serie A. "Je sais que les gens qui connaissent le foot savent ce que représente l'Inter Milan, les joueurs immenses qui y sont passés, disait-il début octobre dans L’Equipe. Quand on met ce maillot, on sent qu'on porte une histoire. Il y a un engouement extraordinaire, quand on croise des gens dans la rue, ils parlent tous du match qui arrive. J'intègre une équipe stable qui fonctionne très bien, qui a été finaliste de la Ligue des champions, qui a de super joueurs." Et un public qui l’a vite adopté.

Sa signature s’était pourtant accompagnée d’interrogations légitimes, voire d’un léger scepticisme. Pour ses grands débuts dans un top club européen, l’ancien Sochalien et Guingampais allait-il être capable de faire oublier Romelu Lukaku et Edin Dzeko, partis respectivement à la Roma et à Fenerbahçe ? Il n’a pas fallu attendre longtemps pour avoir un début de réponse. Le 16 septembre, il signe une prestation majuscule contre Milan (5-1), avec un but et une activité de chaque instant dans le derby. Même récital le 29 octobre pour permettre aux siens de venir à bout de la Roma (1-0). Mention spéciale également pour ses matchs contre Naples (3-0) et la Lazio (1-0) en décembre. "Il a un aimant sur le pied qui contrôle tout, un moteur dans les jambes qui l’envoie partout", écrivent à son sujet les journalistes de la Gazzetta dello Sport, subjugués comme toute la presse italienne par le fils de Lilian.

L'Italie sous le charme

A l’Inter, le vice-champion du monde semble avoir trouvé le cadre idéal pour passer un nouveau cap. Dans un schéma en 3-5-2 où ses qualités font merveille. "C’est bluffant de voir à quel point Thuram s’est facilement adapté aux mécanismes de l’équipe", relevait début décembre dans l’After Foot Johann Crochet, spécialiste du football italien pour RMC. "Il se trouve les yeux fermés avec Lautaro et les milieux qui se projettent. Il sait toujours bien se positionner par rapport au ballon, prendre l’espace quand il le faut, aller en profondeur, venir vers le jeu apporter des solutions pour créer des une-deux et du jeu en triangle. Au-delà même de ses buts et de ses stats, ce qui est fort avec Thuram, c’est sa faculté à se connecter avec ses coéquipiers. Et il sait répondre dans les matchs importants. C’est ce qu’on attendait avant lui de la part de joueurs comme Dzeko et Lukaku, des attaquants avec beaucoup d’expérience. On savait qu’ils étaient capables de se transcender. Et jusqu’à présent, Thuram répond à son tour à ces attentes. En Italie, il est en train de devenir un vrai chouchou."

Installé comme un véritable numéro neuf, après s'être essayé à plusieurs postes en Allemagne, Thuram récolte les fruits d’un gros travail de fond. "Analyser ce poste, cette mentalité, les appels, c'est un enrichissement constant. C'est un livre sans fin, numéro 9. C'est simple : chaque seconde de la semaine, je pense à marquer des buts : comment je pourrais le faire, comment je pourrais mieux me déplacer, est-ce que cette course-là ferait plus mal à l'adversaire ? Tout ce que j'ai appris à gauche, à droite, je le mets au service de ce poste. Je pense comme un numéro 9", expliquait à L’Equipe celui qui aime se passer en boucle les vidéos des exploits de Ronaldo, Zlatan Ibrahimovic ou David Trezeguet pour en apprendre plus sur son nouveau rôle. Adoubé par d’anciennes gloires du football italien comme Fabio Cannavaro ("Marcus me fait un peu penser au Zlatan des premières années à la Juve") et Christian Vieri ("Je ne m’attendais pas à ce qu’il soit aussi fort, il faut féliciter ceux qui l’ont recruté"), le natif de Parme sait qu’une belle saison en club pourrait lui permettre de bousculer la hiérarchie en sélection. Et, pourquoi pas, de doubler Olivier Giroud et Randal Kolo Muani pour le poste de numéro 9 pour l’Euro 2024.

Article original publié sur RMC Sport