Marche contre l’antisémitisme : RN, Nupes, gouvernement… Qui participe au rassemblement ?

La présence du Rassemblement national à la marche lancée par Larcher et Braun-Pivet embarrasse les autres partis. Les anciens présidents Hollande et Sarkozy ont malgré tout indiqué qu’ils répondront présents, comme l’écrasante majorité de la sphère politique.

POLITIQUE - L’impossible union nationale. Malgré un mot d’ordre unique, les politiques manifesteront divisés dimanche 12 novembre contre l’antisémitisme lors d’une « grande marche civique », un événement lancé par la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et son homologue au Sénat Gérard Larcher. Tous deux ont d’ailleurs appelé, dans un communiqué commun ce jeudi soir, à cesser les « polémiques inutiles » autour de la marche, qui doit être, selon eux, une réponse à « l’explosion des actes antisémites en France ». Deux anciens présidents de la République, Nicolas Sarkozy et François Hollande, se joindront au cortège.

En expliquant rapidement, en premier, qu’il se joindrait à la manifestation, le Rassemblement national de Marine Le Pen et Jordan Bardella a plongé le reste de la représentation politique dans l’embarras. Faut-il manifester contre l’antisémitisme en compagnie d’un parti fondé notamment par un ancien Waffen SS ? Aux côtés de la fille de Jean-Marie Le Pen ?

Si la question secoue la Nupes, et une partie du camp présidentiel, toutes les chapelles ont dû faire un choix. On peut résumer leur position à travers trois parts pas du tout égales : ceux qui seront de l’événement, sans état d’âme. Ceux qui vont participer, mais avec des réserves. Et, enfin, ceux qui n’iront pas.

Le gouvernement bien représenté

La macronie tout d’abord, sera bien représentée. Si Emmanuel Macron réserve pour l’instant sa réponse, la Première ministre Élisabeth Borne a déjà fait savoir qu’elle se rendra à la marche, tout comme son lointain prédécesseur, l’actuel maire du Havre Édouard Philippe. Celui qui est également président du parti Horizons a appelé toutes ses ouailles à venir garnir les rangs du cortège.

Ils devraient donc se retrouver avec de nombreux ministres. Plusieurs d’entre eux, à l’image de Clément Beaune, Gabriel Attal ou Bruno Le Maire, ont confirmé leur participation. Selon BFMTV, Aurélien Rousseau, Aurore Bergé, Stanislas Guérini et l’écrasante majorité du gouvernement répondront présents.

Restent les doutes au sein même du parti présidentiel. Stéphane Séjourné, le chef de Renaissance a effectivement invité les organisateurs et les partis politiques « à ne pas être les complices de la banalisation d’un parti fondé par des antisémites » en ciblant le Rassemblement national. Sa formation sera présente, dimanche, mais pas « derrière la même banderole » que l’extrême droite.

Présents, mais avec cordon

C’est la même gêne qui parcourt la Nupes. Les partis socialiste, communiste et écologiste participeront bien à la marche mais ils souhaitent mettre en place « un cordon républicain » dans la manifestation pour ne pas se mêler à Marine Le Pen, Jordan Bardella ou les élus RN présents.

Le but ? « Distinguer dans la manifestation un cortège rassemblant tous les républicains et progressistes d’une part, et le Rassemblement national et les forces d’extrême droite d’autre part, auxquels nous ne reconnaissons aucune légitimité à manifester contre l’antisémitisme », ont ainsi déclaré les partis de la Nupes, sans LFI, dans un communiqué commun publié mercredi.

Dans cette même logique, le numéro un du PCF Fabien Roussel expliquait le même jour sur France 2 qu’il se rendrait au rassemblement, mais « ne défilera pas aux côtés » du RN, ce parti héritier du Front national, fondé par Jean-Marie Le Pen « plusieurs fois condamné pour propos antisémites », et par « des hommes qui ont collaboré » avec l’Allemagne nazie.

LFI, seule formation à dire non

Dans ce contexte, La France insoumise est à nouveau à la marge. Le parti mélenchoniste, critiqué depuis sa réaction aux attaques du Hamas le 7 octobre dernier en Israël, a effectivement décidé de ne pas se rendre au rassemblement dimanche pour ne pas frayer avec l’extrême droite.

« Lutter contre l’antisémitisme et contre toutes les formes de racisme est impraticable aux côtés d’un parti qui trouve ses origines dans l’histoire de la collaboration avec le nazisme », ont ainsi affirmé les élus LFI dans un communiqué publié mercredi. Sur les réseaux sociaux, Jean-Luc Mélenchon a quant à lui brocardé un « rendez-vous » des « amis du soutien inconditionnel au massacre », en référence aux bombardements israéliens sur Gaza.

Plusieurs élus du mouvement ont en revanche participé à un rassemblement jeudi soir devant le gymnase Japy à Paris, lieu de mémoire de la Shoah. Une présence pour « réaffirmer encore et toujours le rejet de l’antisémitisme, du racisme et du fascisme », explique-t-on dans un communiqué, 85 ans après la « nuit de cristal. »

L’AMF lance un appel aux départements français

Selon toute vraisemblance, LFI sera donc le seul parti présent au Parlement non représenté dimanche à la marche parisienne. Au contraire des anciens présidents de la République François Hollande et Nicolas Sarkozy qui ont chacun annoncé leur présence. Tout comme, parmi les voix qui comptent, l’imam de Drancy et président de la conférence des imams de France, Hassen Chalghoumi.

L’Association des maires de France (AMF) a par ailleurs appelé ce jeudi à des rassemblements contre l’antisémitisme « devant chaque préfecture de département », dimanche à 15H00, sauf en Ile-de-France où elle exhorte « à participer massivement à la marche » organisée à la même heure dans la capitale.

Ces rassemblements doivent « permettre à tous les Français qui (le) souhaitent (de) s’associer à cette initiative partout en France », indique l’AMF dans un communiqué, précisant que la démarche se fait « en accord avec Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet ».

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