Marche contre l’antisémitisme : comment Mélenchon justifie de ne pas y participer

Marche contre l’antisémitisme : comment Mélenchon justifie de ne pas y participer (Photo de Jean-Luc Mélenchon)
CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP Marche contre l’antisémitisme : comment Mélenchon justifie de ne pas y participer (Photo de Jean-Luc Mélenchon)

ANTISEMITISME - Face à la recrudescence des actes hostiles aux Juifs en France, le président du Sénat, Gérard Larcher, et la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, ont appelé ce mardi 7 novembre « tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de notre République » à participer dimanche à une « grande marche civique » contre l’antisémitisme.

Pour Jordan Bardella, Jean-Marie Le Pen n’est « pas antisémite »

Si l’initiative a été immédiatement saluée par la majorité, mais aussi par la droite et l’extrême droite, la France insoumise (gauche radicale) a pour sa part dit réserver sa réponse, en raison de la présence du Rassemblement national.

Mais dans un tweet cinglant, son leader Jean-Luc Mélenchon a tranché à sa façon : « Les amis du soutien inconditionnel au massacre ont leur rendez-vous », a-t-il lancé, dans une allusion aux bombardements israéliens sur Gaza.

« Ennemi de la République »

Au-delà de la présence du RN, La France insoumise nourrit des relations conflictuelles avec les représentants de la communauté juive dans l’Hexagone, au premier rang desquels le Crif. Le soir du 9 octobre, quelques heures après un rassemblement à l’appel du Crif en solidarité avec Israël, son leader et ex-candidat à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon s’en était pris à cette organisation.

Il l’avait accusée d’empêcher « la solidarité des Français avec la volonté de paix » en obligeant « tout le monde à s’aligner sur la position du gouvernement d’extrême droite israélien, en acceptant de manifester avec le RN ». Jean-Luc Mélenchon est « un ennemi de la République », avait répondu le lendemain Yonathan Arfi.

La France insoumise, sous le feu des critiques depuis les massacres en raison de son refus de qualifier de « terroriste » le Hamas, réserve pour l’instant sa réponse, a déclaré sur franceinfo le coordinateur du mouvement Manuel Bompard.

« Bien évidemment, quand il s’agit de combattre le racisme, l’antisémitisme (...) je suis toujours du côté de ceux qui luttent contre ces discriminations », a affirmé le député, avant d’ajouter qu’il serait « incongru de participer à une manifestation de cette nature en présence du Rassemblement national ».

« La République est en danger »

Le président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), Yonathan Arfi, a apporté son « plein soutien à l’appel ». « La République est en danger ; ses fondements mêmes sont attaqués », s’alarment les présidents des deux chambres du Parlement, respectivement deuxième et quatrième personnages de l’État, dans une tribune publiée par Le Figaro.

« Depuis l’attaque terroriste perpétrée en Israël par le Hamas, le 7 octobre dernier, un massacre d’une ignominie jamais égalée depuis la Shoah, qui a causé la mort de 40 de nos compatriotes, les actes antisémites se multiplient dangereusement dans notre pays. En quatre semaines à peine, plus de 1.000 faits ont été enregistrés, soit deux fois plus qu’au cours de toute l’année 2022 », poursuivent-ils.

Les massacres du 7 octobre, qui ont fait plus de 1.400 morts côté israélien, ont déclenché une guerre dévastatrice entre le Hamas et Israël qui, depuis, pilonne la bande Gaza. Selon le mouvement islamiste, les opérations militaires israéliennes y ont fait plus de 10.000 morts.

« Un sursaut s’impose, pour manifester clairement que la France n’accepte pas l’antisémitisme et que les Français ne se résignent pas, et ne se résigneront jamais à la fatalité des haines (...) Notre laïcité doit être protégée, elle est un rempart contre l’islamisme », écrivent encore les présidents des deux chambres.

Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet évoquent une marche « entre le Palais Bourbon et le Palais du Luxembourg », les sièges de leurs assemblées, « unissant tous ceux qui se reconnaissent dans les valeurs de notre République et sont déterminés à les défendre ».

Réserves et incompréhensions concernant l’extrême droite

Avant même l’annonce officielle, le président de LR Eric Ciotti avait fait connaître sa participation. « Je serai présent à cette marche, il faut que tous les républicains crient leur volonté de s’opposer avec la plus grandes des énergies à cette résurgence, à cette montée d’un antisémitisme totalement insupportable », a-t-il dit devant la presse à l’Assemblée.

Le parti socialiste, lui, appelle à participer dimanche à la marche, mais juge la présence du RN à cet événement « illégitime ». « Nous appelons tous les Français, quelle que soit leur position sur la guerre au Proche-Orient, à se joindre à la manifestation organisée le 12 novembre », explique le PS dans un communiqué, à l’issue d’un bureau national mardi soir.

Mais « au vu de son identité, de ses positions, et des propos tenus encore dimanche dernier par son président qui refuse de reconnaître l’antisémitisme du fondateur de son parti, la présence du RN à cette marche est illégitime », estime le PS.

« Nous répondrons présents », a écrit sur la plateforme X le président du Rassemblement national Jordan Bardella. Marine Le Pen sera à ses côtés, selon le RN, qui depuis le 7 octobre s’efforce d’apparaître comme un bouclier pour les Français de confession juive.

Président de Renaissance, Stéphane Séjourné a aussi marqué ses réserves vis-à-vis du parti d’extrême droite. « Renaissance sera présent dimanche pour la grande marche contre l’antisémitisme. Pour autant, jamais je ne défilerai derrière la même banderole que le Rassemblement national », a-t-il écrit sur X, appelant « solennellement les organisateurs ainsi que les partis politiques qui y participeront à ne pas être les complices de la banalisation d’un parti fondé par des antisémites ».

À voir également sur Le HuffPost :

Conflit entre Israël et le Hamas : 72% des Français redoutent son importation en France - EXCLUSIF

Guillaume Meurice sur France Inter : Adèle Van Reeth partage « le malaise » après ses mots sur Netanyahu

VIDÉO - "Je ne voyais pas devant moi et je n'arrivais pas à respirer" : un Gazaoui raconte comment un tir de roquette a détruit son quartier