Le marché non réglementé des donneurs de sperme en ligne est en plein essor
La barre de recherche contient cinq lettres : “Sperm”. Dessous, les mains d’une femme pianotent sur un téléphone à la recherche d’un donneur. “Le marché du sperme”, titre Newsweek en une de son édition du 29 mars.
Il est désormais possible de passer par Internet pour trouver un donneur que l’on apprendra à connaître et à qui l’on pourra faire confiance, et ce, à moindre coût. C’est ce qu’a découvert la journaliste d’investigation Valerie Bauman, qui sort l’ouvrage Inconceivable, fruit d’une immersion de quatre ans “dans le monde du don de sperme freelance”, durant laquelle elle a elle-même essayé de tomber enceinte. Newsweek publie un extrait de son enquête.
En 1995, près de 171 000 Américaines ont eu “recours au sperme d’une banque pour tomber enceintes”. En 2016, ce chiffre est passé à plus de 440 000. Et la floraison des “espaces en ligne” spécialisés dans la “rencontre du donneur” n’y est pas pour rien, souligne l’autrice.
Un “père biologique identifié”
Découragée par les sites qui permettent de “comparer les individus” donneurs en fonction de leurs caractéristiques physiques, de leurs antécédents médicaux ou de leur prix, ce qui lui donnait “l’impression de choisir entre deux produits Amazon”, la journaliste a décidé de passer par une application permettant de rencontrer le donneur de sperme.
Elle qui souhaitait “avoir un père biologique identifié” pour son enfant a alors découvert l’existence de groupes Facebook et de sites de rencontre dédiés au “don de sperme non réglementé”. Les donneurs y sont décrits “de confiance” et “prêts à rencontrer l’enfant” − sans qu’il n’y ait toutefois d’obligations juridiques ou financières − et à le voir ponctuellement, à chaque anniversaire, par exemple. Ces sites connaissent une popularité grandissante, l’un d’eux ayant connu une augmentation de fréquentation de 175 % entre juin 2020 et août 2023.
Familles non conventionnelles
La pandémie ayant entraîné “la fermeture de nombreuses cliniques de fertilité” et une “pénurie de dons dans les banques de sperme”, ce “baby-boom en ligne” a d’abord été une question de circonstances, affirme-t-elle. Seulement, une fois les cliniques réouvertes, nombreux sont ceux qui ont continué à fréquenter ces sites, notamment à cause du coût élevé des procédures en clinique.
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