Le marché Picasso va-t-il se retourner ?

La personnalité tumultueuse de Picasso (1881-1973) et son comportement envers les femmes n’avaient jamais affecté les ventes de ses œuvres. Mais cela semble changer. El País relève que “les chiffres cités sur la plateforme de vente d’œuvres d’art Mutualart.com montrent de la lassitude. Du jamais-vu dans l’histoire de l’artiste.”

Sur les quatre premiers mois de 2023, 55,2 % des 1 798 lots mis aux enchères ont trouvé acquéreur, pour un total d’un peu plus de 97 millions de dollars (environ 88 millions d’euros), alors que sur l’année 2021, 4 001 des 5 522 œuvres proposées se sont vendues, soit près de 73 %, pour quelque 667 millions de dollars (608 millions d’euros). Le quotidien espagnol voit déjà dans ces données le signe d’un recul, mais reste prudent. Il faut attendre de voir l’évolution sur le reste de l’année, et notamment le résultat des ventes de ses grandes toiles comme celle, ce jeudi 11 mai, chez Christie’s, à New York, d’une des plus célèbres du Minotaure : Nature morte à la fenêtre (1932).

Reste qu’une tendance se dessine. Alors que, “depuis 1999, le prix des œuvres de Picasso avait augmenté deux fois plus vite que celui des autres œuvres d’artistes du XXe siècle”, selon The Economist, cette année, les prix déclinent. Le prix moyen des œuvres vendues aux enchères s’élève ainsi à 3 776 dollars, contre 4 401 dollars en 2022 et 5 252 en 2020 en pleine pandémie, d’après Mutualart.com, ce qui fait dire à El País que “le Minotaure est blessé”.

De multiples causes

Parmi les causes pouvant expliquer cette baisse, El País évoque la frilosité des collectionneurs à vendre en période de crise, mais aussi la remise en question de l’artiste au regard de sa vie privée, quand The Economist évoque aussi “le comportement abject de l’artiste” avec les femmes et “l’influence de moins en moins grande de Picasso sur les créateurs actuels”.

En cette année qui marque le cinquantième anniversaire de la mort du génie espagnol, les musées et le public remettent en effet de plus en plus en question l’artiste au regard de son comportement parfois tyrannique avec les femmes de son entourage. Tout en rappelant que “les œuvres d’autres artistes célèbres, dont Balthus et Salvador Dalí, ont perdu de la valeur aux yeux des critiques et des collectionneurs à cause de la façon dont ils se conduisaient en privé”, The Economist évoque l’inquiétude des collectionneurs, qui attendent de voir comment vont être reçues les expositions célébrant Picasso à travers le monde cette année.

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