Manuel Valls apporte son soutien au texte sur la fin de vie

Le Premier ministre Manuel Valls a apporté mardi son soutien à une proposition de loi pour accompagner la fin de vie critiquée pour des raisons opposées par une partie de la droite et de la gauche, mais aussi par les principales religions de France. /Photo prise le 4 mars 2015/REUTERS/Philippe Wojazer

PARIS (Reuters) - Le Premier ministre Manuel Valls a apporté mardi son soutien à une proposition de loi pour accompagner la fin de vie critiquée pour des raisons opposées par une partie de la droite et de la gauche, mais aussi par les principales religions de France. Le texte, dont les députés ont engagé l'examen mardi, propose une "sédation profonde et continue" pour les patients en phase terminale, sans aller jusqu'à l'euthanasie, et rend contraignantes pour les médecins les directives anticipées laissées par les malades. La commission des Affaires sociales a adopté plusieurs amendements, dont un qui donne la possibilité de bénéficier d'une sédation profonde à domicile. La proposition a été élaborée à partir du rapport présenté l'an dernier par les députés Alain Claeys (PS) et Jean Leonetti (UMP) et traduit un engagement pris par François Hollande durant sa campagne présidentielle de 2012 de dépasser la loi de 2005. Cette dernière, dite "loi Leonetti", prévient l'acharnement thérapeutique mais n'autorise pas le suicide assisté. "C'est un texte équilibré. Il faut garder cet équilibre", a dit Manuel Valls, rejetant ainsi les amendements de certains qui, à gauche, veulent aller plus loin vers une forme d'euthanasie ou d'autres qui, à droite, veulent le statu quo. Pour Jean Leonetti, "ce texte va faire évoluer les mentalités et faire comprendre à chacun que la souffrance est interdite en fin de vie et, en même temps je le crois aussi, les textes législatifs ne résolvent pas tout". Sa proposition fait la quasi unanimité au sein de l'Assemblée, où les groupes UMP, UDI (centriste), Front de gauche et PS y sont très majoritairement favorables. "SUICIDE ASSISTE" ET EUTHANASIE Mais des élus socialistes, écologistes et radicaux de gauche proposent, dans un amendement, de légaliser le suicide médicalement assisté et l'euthanasie. A la fin janvier, une proposition de loi écologiste allant dans ce sens avait été rejetée, seuls les groupes écologiste et des radicaux de gauche ainsi que quelques élus PS votant pour. Roger-Gérard Schwartzenberg, le président du groupe des radicaux de gauche, regrette que le texte "continue à ne pas admettre l’assistance active médicalisée à mourir". Il ajoute que les Pays-Bas en 2001, la Belgique en 2002, le Luxembourg en 2009 ont autorisé l’aide active à mourir, en l’encadrant strictement et que la Suisse, les Pays-Bas et l’Etat de l'Oregon (Etats-Unis) ont admis le suicide assisté. A droite, les députés de l'Entente parlementaire, l'aile droitière de l'UMP, qui avait mené bataille contre le mariage pour tous, jugent le texte "inutile et dangereux" et s'élèvent contre ce qu'ils considèrent comme "un droit à la mort". Dans un appel publié lundi dans Le Monde, cinq responsables religieux représentant les grandes croyances ont lancé un appel "commun, inquiet et pressant" contre l'emploi de la sédation. Plusieurs centaines d'opposants au texte se sont réunis mardi aux abords de l'Assemblée à l'appel d'un côté du collectif anti-euthanasie "Soulager mais pas tuer", de l'autre de l'Association pour le droit de Mourir dans la Dignité (ADMD). L'Assemblée doit se prononcer le 17 mars par un vote solennel sur l'ensemble du texte que le Sénat devrait examiner à son tour en avril ou mai. (Emile Picy, édité par Yves Clarisse)