Manque de soignants : « Toute la France est un désert médical », dit Aurore Bergé

Crise des soignants : « Toute la France est un désert médical », dit Aurore Bergé
ALAIN JOCARD / AFP Crise des soignants : « Toute la France est un désert médical », dit Aurore Bergé

POLITIQUE - Déserts partout, médecins nulle part. Aurore Bergé n’a pas mâché ses mots, ce mardi 3 janvier, à propos de la crise sourde qui secoue le système de santé français. À tel point qu’à entendre la députée, « toute la France est aujourd’hui un désert médical ».

« Il n’y a pas Paris contre le reste du territoire », a-t-elle ainsi estimé dans la matinale de France 2, comme vous pouvez le voir ci-dessous, sans nier les difficultés rencontrées par le système de soins, ni toutefois esquisser des réponses capables de les résoudre rapidement.

Membre de la majorité au pouvoir depuis presque 6 ans, la présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale veut « avoir l’honnêteté » de « regarder la situation en face », quitte à « dire aux Français » que la panade va durer (à partir de 3’30).

« À partir du moment où l’on forme en dix ans, une fois que vous faites sauter le numerus clausus, une fois que vous formez plus de médecins, ce n’est malheureusement pas immédiat », a-t-elle ainsi expliqué face à Thomas Sotto. Cela avant de rappeler les mantras présidentiels censés répondre à cette crise, à l’image de la montée en compétences de certaines professions et de la meilleure rémunération des soignants. Et d’insister surtout sur le fait que la fin du numerus clausus, actée en 2018, doit être à solution à long terme face au manque de médecins et au problème des déserts médicaux.

Tension extrême dans le système

Et après ? Pour combler les trous en attendant que ces nouveaux médecins soient formés, Aurore Bergé propose de faire « sauter un certain nombre de verrous ». Elle souhaite par exemple, faciliter la prise de rendez-vous chez les médecins spécialistes, quand aujourd’hui, il est souvent nécessaire de passer d’abord par son médecin traitant. « Si vous avez une entorse, je considère qu’il faut que vous puissiez aller voir directement votre kiné », a-t-elle par exemple expliqué.

Des mesures pragmatiques, diront certains, mais qui auront du mal à solder la tension extrême dans le système de santé. Une « triple épidémie » hivernale (grippe, Covid-19 et bronchiolite) s’est effectivement abattue sur un dispositif déjà exsangue en raison d’un manque structurel de soignants. Et ce malgré les milliards d’euros déversés depuis 2020 dans le cadre du Ségur de la santé pour renforcer l’attractivité du secteur.

Partout, les appels au 15, les passages aux urgences et le recours aux brancards dans les couloirs pour pallier l’absence de lits sont anormalement élevés. Localement, comme en Savoie et dans l’Ain, des « plans blancs » ont même dû déclenchés, eux qui permettent des déprogrammations d’opérations non urgentes afin de libérer des lits. À Thionville, en Moselle, 55 infirmiers et aides-soignants sur les 59 que comptent les urgences de l’hôpital ont été placés en arrêt maladie samedi dernier, souvent sur décision des médecins des urgences eux-mêmes.

Des « défaillances » du système qui ont des conséquences funestes, selon le syndicat Samu-Urgences de France, lequel a recensé 30 « morts inattendues » de personnes en attente de prise en charge hospitalière depuis le 1er décembre en France. À cela s’ajoute une nouvelle grève déclenchée chez les généralistes entre Noël et le jour de l’An, et reconduite depuis, qui a encore accru la pression sur l’hôpital et les urgentistes libéraux de SOS Médecin. Bonne année, et surtout la santé.

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