Manon Aubry qualifie le drapeau européen de « forfaiture démocratique », EELV s’étrangle

Manon Aubry, eurodéputée LFI, sur le plateau de franceinfo ce lundi 8 mai.
Manon Aubry, eurodéputée LFI, sur le plateau de franceinfo ce lundi 8 mai.

Cette déclaration intervient au moment où EELV refuse toujours de s’allier avec la Nupes aux européennes, en raison justement des divergences sur le plan international.

POLITIQUE - Le mot est fort, et n’a pas manqué de faire bondir les écologistes. Ce lundi 8 mai, l’eurodéputée insoumise Manon Aubry était l’invitée de franceinfo. L’occasion pour cette partisane d’une liste unique de la Nupes aux européennes d’arrondir les angles sur les désaccords qui peuvent exister entre LFI et ses partenaires, notamment sur l’aspect international qui crispe chez EELV, et d’appeler au dialogue entre les différentes formations de gauche.

Des efforts diplomatiques sapés par une déclaration qui raconte à elle seule les divergences entre la France insoumise et ses alliés à l’Assemblée nationale. Interrogée sur une proposition de loi du groupe Renaissance à l’Assemblée visant à rendre obligatoire le drapeau européen sur les mairies, Manon Aubry a déclaré : « vous ne pouvez pas enlever le fait que le drapeau européen ça renvoie aussi à une forfaiture démocratique quand on est Français ».

L’élue LFI fait ainsi référence au Traité de Lisbonne qui a été adopté par la France, malgré le non à la Constitution européenne sorti des urnes lors du référendum de 2005. Ce qui n’est pas idéal lorsqu’il est question de rassurer un parti politique très attaché à l’UE, au point de faire apparaître le terme « Europe » dans son intitulé.

« Ce qui nous sépare »

« Sérieusement. Le traité de Lisbonne a été signé par la France et ratifié par des parlementaires bien français : 560 pour, 181 contre, 152 abstentions. Pourquoi le drapeau européen renverrait-il à une “forfaiture démocratique” et pas le drapeau français ? », a interrogé la sénatrice écolo Mélanie Vogel.

« Manon Aubry répond elle-même aux questions qu’elle nous posait sur ce qui nous sépare : la vision de l’Europe, du projet, de ses valeurs, et des espoirs qu’il peut soulever », a renchéri sur Twitter le sénateur EELV Thomas Dossus, lequel affiche la bannière étoilée sur son profil. Collègue de Manon Aubry au Parlement européen, David Cormand est également monté au créneau.

« Pour les Géorgiens, les Ukrainiens, il renvoie surtout à la liberté. Pour les Européens, surtout un 8 mai, il renvoie plutôt à la paix. Ce n’est pas l’Union européenne, mais les parlementaires français qui ont adopté le Traité de Lisbonne… En quoi ce serait le drapeau européen le problème ? », a-t-il demandé. Ex-candidat EELV à la présidentielle et eurodéputé écolo, Yannick Jadot a également fustigé les propos de Manon Aubry. « Comme ça c’est clair ! Non l’Europe n’est ni le problème, ni une forfaiture ! », a-t-il tweeté, affirmant que la bannière étoilée représentait « un magnifique symbole de liberté, d’Etat de droit et de démocratie ».

À noter qu’il n’y a pas que chez les écologistes que cette charge contre le drapeau européen a du mal à passer. Eurodéputée et membre de Place publique (formation alliée au PS lors des dernières européennes), Aurore Lalucq a également répondu à Manon Aubry, en citant notamment le cas géorgien.

Dans une interview accordée au JDD la semaine dernière, Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV, avait répété son refus de voir son parti faire liste commune au sein de la Nupes pour les élections européennes de 2024.

« Face aux crises que nous traversons, nous pensons que l’Europe fait partie de la solution, pas du problème. Et surtout, pendant cette campagne européenne à venir, nous voulons parler d’Europe. Pas instrumentaliser les questions européennes à d’autres fins, ce qu’aucun parti véritablement européen ne ferait, d’ailleurs », avait-elle justifié. Pas sûr que cette déclaration sur le drapeau européen ne l’incite à changer d’avis.

Face à la polémique naissante, Manon Aubry a fait une mise au point sur Twitter. « Un drapeau, c’est un symbole. Pour les ukrainiens, le drapeau européen incarne l’espoir. Pour certains citoyens, il représente la paix ou Erasmus, pour d’autres, il rappelle l’austérité ou le déni démocratique du référendum de 2005. Voilà simplement ce que j’ai rappelé ce matin », s’est-elle défendue, exprimant le souhait que ce drapeau « incarne pour tout le monde l’espoir, la solidarité, la cohésion, l’avenir ».

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