Manifeste des 331 médecins : ce professeur de médecine affirme publiquement avoir pratiqué des avortements clandestins

"Rappelons-nous quelle était la situation des femmes avant la loi Veil : l’avortement – on ne parlait pas encore d’IVG – était réalisé clandestinement, dans des conditions terribles, avec de sérieux risques de mutilations et de septicémie. La possibilité de vivre une sexualité sans risque n’était pas permise.

Mon engagement politique est né au début des années 60, pendant la guerre d’Algérie. Étudiant en médecine, je milite au sein de Union nationale des étudiants de France (Unef) et de l’Union des jeunesses communistes marxistes. En 1966, avec des camarades, nous ouvrons une permanence du planning familial dans un dispensaire pour étudiants à Paris. Nous proposons des conseils et des consultations sur la contraception. La pilule est encore interdite. La loi nous autorise uniquement à parler du diaphragme et des méthodes dites naturelles comme le coït interrompu. Des jeunes filles enceintes viennent nous voir. Il est hors de question pour moi de procéder à des avortements qui risquent de les mettre en danger. Nous avons l’adresse d’une clinique en Suisse, mais elle est très chère. Parfois, nous pouvons les envoyer en Angleterre ou dans la Yougoslavie communiste de Tito, où un médecin à Belgrade accepte de s’occuper gratuitement de patientes étrangères.

Après Mai 68, je prends conscience que si la Révolution doit avoir lieu, ce ne sera pas grâce à des petits bourgeois comme moi. En revanche, pour changer la société, je peux agir dans mon domaine : la médecine. C’est ainsi qu’avec (...)

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