Manifestations du 11 février : des heurts à Paris, Rennes et Nantes

En ce quatrième jour de mobilisation contre la réforme des retraites, les journalistes du HuffPost ont assisté à Paris aux scènes les plus violentes depuis le début du mouvement.

RÉFORME DES RETRAITES - Ce furent tout simplement les affrontements « les plus violents » depuis le début de la mobilisation. Ce samedi 11 février, alors que les rassemblements contre la réforme des retraites se déroulaient pour la première fois durant un weekend, la déambulation du cortège parisien a été émaillée par des heurts épars, alors que marchait une foule particulièrement dense. Avec des conséquences remarquables, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article.

« Boulevard Voltaire, une voiture a été incendiée, des abribus et agences bancaires ont été pris pour cible », relate par exemple Pierre Tremblay, un journaliste du HuffPost qui couvrait la manifestation. Une situation notamment liée à la présence dans les rangs de la manifestation d’un public particulier. « Le cortège de tête, constitué des manifestants les plus radicaux, était particulièrement nombreux. Les CRS ont essuyé de multiples projectiles. » Et en réponse, « l’avant du cortège a été plusieurs fois chargé par les forces de l’ordre et noyé sous les gaz lacrymogènes ».

Au total, dix personnes ont été interpellées, selon un bilan donné à 18 h 30 par la préfecture de police. Un gendarme blessé à l’œil par un projectile a été hospitalisé, a ajouté la « PP ».

Cortège sauvage et projectiles

Les échauffourées ont commencé peu avant 15 h 30 quand un groupe d’éléments radicaux a tenté de partir en « cortège sauvage » en direction de la rue de Charonne, déviant ainsi du parcours déclaré entre les places de la République et de la Nation, a rapporté la préfecture de police.

Après l’intervention des forces de l’ordre, les heurts se sont poursuivis sur le boulevard Voltaire, avec des feux de poubelles et de vélos électriques, des conteneurs à verre renversés sur la chaussée et une voiture mise sur le flanc puis incendiée, nécessitant l’intervention des pompiers. Des projectiles ont également été lancés sur la police qui a réalisé plusieurs charges en retour et fait usage de gaz lacrymogène.

Auparavant, plusieurs tentatives de dégradations sur des vitrines de banques, de compagnies d’assurances et d’un fast-food ont également nécessité l’intervention des forces de l’ordre.

93 000 personnes ont manifesté à Paris selon le ministère de l’Intérieur, un record depuis le début de la contestation de la réforme des retraites, 500 000 selon la CGT. Selon une source policière, citant le renseignement territorial, plus de 2 000 gilets jaunes et 200 à 400 radicaux étaient attendus dans le cortège parisien.

Depuis le début de la contestation de la réforme des retraites, les manifestations parisiennes se sont déroulées sans incident majeur.

Des heurts aussi en Bretagne

À Rennes également, quelques heurts sont à noter ce samedi. Vers 16 h 50, des manifestants ont lancé des projectiles, comme des bouteilles, vers la police qui a répliqué en faisant usage à de multiples reprises à des gaz lacrymogènes, recourant également le canon à eau. Des abribus ont aussi été cassés, selon un journaliste de l’AFP présent sur place.

La police a demandé sur Twitter d’éviter le secteur en raison de « jets de projectiles et de cocktails molotov sur les forces de l’ordre aux alentours de la place de la République à Rennes ». « En raison des heurts en cours à l’avant de la manifestation, les organisations syndicales appellent à la dislocation du cortège institutionnel », poursuit la police d’Ille-et-Vilaine dans un second tweet.

La manifestation de ce samedi a rassemblé 40 000 personnes selon les syndicats (25 500 selon la préfecture), un chiffre en hausse par rapport aux défilés du 31 janvier et du 7 février.

À Nantes, où le cortège a réuni 70 000 personnes selon les syndicats, 23 000 selon la police, des échauffourées ont également éclaté quand les manifestants ont tenté de rejoindre le point d’arrivée sur l’île de Nantes. Pendant une heure, les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes tandis que des projectiles étaient lancés dans leur direction, selon une journaliste de l’AFP. Au moins deux interpellations ont eu lieu, a constaté un photographe de l’AFP.

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