La manifestation de soutien à la Palestine interdite à Paris, Nuñez accusé de « fouler aux pieds l’état de droit »

La manif de soutien à la Palestine interdite samedi, Nuñez accusé de « fouler aux pieds l’état de droit » (Photo d’illustration prise à Paris le 12 octobre, lors d’une manifestation pro-palestinienne interdite place de la République)
DIMITAR DILKOFF / AFP La manif de soutien à la Palestine interdite samedi, Nuñez accusé de « fouler aux pieds l’état de droit » (Photo d’illustration prise à Paris le 12 octobre, lors d’une manifestation pro-palestinienne interdite place de la République)

POLITIQUE - « Trouble à l’ordre public. » Laurent Nuñez a annoncé ce jeudi 26 octobre qu’il interdirait la manifestation prévue samedi dans Paris à l’appel de plusieurs organisations « en soutien avec le peuple palestinien ». Une décision critiquée par une partie de la classe politique, alors que le préfet de police de Paris avait autorisé un rassemblement place de la République la semaine dernière.

« Ce n’est pas une manifestation statique, c’est une déambulation dans Paris, toujours beaucoup plus risquée, a fait valoir Laurent Nuñez sur franceinfo. Et les organisations qui ont déposé cette déclaration par les propos qu’elles ont pu tenir pouvaient laisser à penser qu’elles étaient quand même en soutien au Hamas, donc j’interdirai cette manifestation. »

Le collectif Urgence Palestine, réunissant plusieurs associations, syndicats et organisations politiques, a appelé à « une grande manifestation de soutien au peuple palestinien », samedi à 14 h 30 « au départ de Châtelet ».

« La France est vraiment en dessous de tout »

Le 18 octobre, le Conseil d’État avait rappelé au gouvernement que les manifestations pro-palestiniennes ne pouvaient être interdites systématiquement et qu’il revenait aux seuls préfets d’apprécier s’il y avait localement un risque de troubles à l’ordre public.

« Ce n’est pas une question de maintien de l’ordre (...), le critère est plutôt immatériel », a expliqué le préfet de police. « Le trouble à l’ordre public peut être immatériel. Le seul fait qu’on puisse tenir des propos négationnistes, antisémites ou de soutien au terrorisme, c’est pour nous un problème, c’est ce qui justifie ces interdictions », a-t-il déclaré, citant des organisations comme le Front de libération de la Palestine en France et le NPA (Nouveau parti anticapitaliste).

Un argumentaire qui suscite les critiques de plusieurs élus de gauche, dont le premier secrétaire du PS Olivier Faure.

« Les seuls critères acceptables sont le respect de la démocratie et de la Constitution. Hors des troubles prévisibles à l’ordre public rien ne justifie de limiter la liberté de manifester », écrit ainsi le leader socialiste sur les réseaux sociaux en réponse à l’ancien secrétaire d’État au ministère de l’Intérieur (entre 2018 et 2020). Et d’ajouter : « On ne combat pas le terrorisme en foulant aux pieds l’état de droit. »

Nuñez assure examiner les manifs « au cas par cas »

Dans le même esprit, le député écologiste Aurélien Taché voit en cette décision le signe que « la France est vraiment en dessous de tout. » « En démocratie, on ne peut pas restreindre la liberté au nom de la morale et affirmer que le soutien au peuple palestinien serait immoral relève d’une logique suprémaciste », écrit-il, lui aussi sur X (Twitter).

Jeudi dernier un rassemblement pro-palestinien a pu se tenir place de la République à Paris, réunissant 15.000 personnes selon la préfecture de police, qui a procédé à 10 interpellations notamment pour propos antisémites et tags sur la statue de la République. « Je ne l’(avais) pas interdite parce que dans la déclaration il y avait une condamnation claire de ces actions (du Hamas, NDLR) », a indiqué Laurent Nuñez, assurant examiner « au cas par cas » chaque déclaration de manifestation.

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