Manifestation à Lattaquié en Syrie, bastion du régime d'Assad

BEYROUTH (Reuters) - Des manifestants ont défilé samedi soir à Lattaquié, fief du régime syrien de Bachar al Assad, pour réclamer des sanctions contre un membre de la famille du président qu'ils accusent d'avoir abattu un officier de l'armée, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). De tels rassemblements sont rares dans cette région de l'ouest syrien, foyer de la minorité religieuse alaouite à laquelle appartient la famille al Assad. D'après l'OSDH, un organisme basé en Grande-Bretagne, plus de 1.000 personnes se sont rassemblées dans la ville portuaire de Lattaquié, et certaines d'entre elles brandissaient des portraits du colonel Hassan al Cheikh tué la semaine dernière. Les manifestants ont appelé à la mise à mort de Souleiman al Assad, fils d'un cousin de Bachar al Assad qui a lui-même été tué l'année dernière au cours de combats contre des insurgés djihadistes. Selon l'OSDH, on pouvait également entendre dans le cortège des slogans de soutien au président. Le récit des événements de la semaine dernière varie d'une source à l'autre. D'après l'OSDH et des partisans du président, Souleiman al Assad n'a pas supporté que Hassan al Cheikh, alors en voiture avec sa famille, ne dépasse son propre véhicule dans une rue de Lattaquié. Selon cette même version, il l'a abattu peu après. D'autres partisans de Bachar al Assad affirment que l'officier de l'armée a été tué non par Souleiman al Assad, mais par un garde du corps. Les médias aux mains gouvernement de Damas n'ont fait état ni de la manifestation, ni du conflit de circulation, ni de l'assassinat présumé. Depuis le déclenchement de la guerre civile il y a un peu plus de quatre ans, Bachar al Assad peut compter sur le soutien de la communauté alaouite, une branche du chiisme, qui représente environ 10% de la population syrienne. Mais, d'après l'opposition, la contestation commence à monter dans la région de Lattaquié, en raison à la fois des pertes enregistrées par les alaouites - combattants comme civils - et de la corruption. (Mariam Karouny; Simon Carraud pour le service français)