Le mandat d’arrêt requis contre Nétanyahou met l’Allemagne dans l’embarras

En réclamant des mandats d’arrêt contre des dirigeants du Hamas, mais aussi contre le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et son ministre de la Défense, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, “confronte l’Allemagne à un sérieux dilemme”, estime Die Welt.

Le pays européen est partie prenante du Statut de Rome, le traité à l’origine de la CPI, qu’il a signé et – contrairement aux États-Unis – ratifié. Mais il est aussi l’un des principaux alliés de l’État hébreu, dont il ne cesse de faire valoir le “droit à se défendre” contre le Hamas, depuis l’attaque perpétrée le 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien.

Si les juges de la CPI venaient à accéder à la requête de Karim Khan, la République fédérale se retrouverait donc dans une position très inconfortable.

“Les visites d’État de Nétanyahou ou les réunions de travail, à Berlin, avec son ministre de la Défense ne seraient plus possibles si le gouvernement allemand n’ignorait pas ces mandats d’arrêt.”

Rester crédible à l’international

L’Allemagne a d’ores et déjà affirmé qu’elle “regrettait” la décision prise par le procureur de la CPI, car elle donne à ses yeux une “impression fausse d’équivalence” entre les actions des dirigeants israéliens et celles du Hamas. Mais elle peut difficilement se soustraire aux exigences du Statut de Rome, sans “perdre en crédibilité sur le plan international”.

Lorsque Vladimir Poutine avait fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI en lien avec l’enlèvement d’enfants lors de la guerre Ukraine, Berlin était monté au créneau. Il avait notamment enjoint à l’Afrique du Sud d’arrêter le président russe, si ce dernier se présentait au sommet des Brics organisé dans le pays à l’été 2023. Aujourd’hui, “les États européens qui ont mis en avant le caractère contraignant du mandat d’arrêt lancé contre Poutine peuvent difficilement se montrer moins fermes avec Nétanyahou et son ministre de la Défense”.

Die Welt voit dans la décision de Karim Khan “une initiative dont il faudra probablement attendre quelques années pour voir la justesse, mais qui devrait avoir des répercussions politiques immédiates”. Même si Israël ne reconnaît pas la Cour pénale internationale, l’État hébreu risque de rencontrer de “nouvelles difficultés diplomatiques” – et il pourrait entraîner l’Allemagne dans sa chute.

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