Mandat d’arrêt : l’ex-président centrafricain François Bozizé rattrapé par son passé
Les fantômes des victimes des atrocités commises à Bossembélé, du nom de cette ville située [dans l’est] de la République centrafricaine (RCA), hantent le sommeil de l’ex-président François Bozizé Yangouvonda. La preuve, la Cour pénale spéciale (CPS) vient d’émettre un mandat d’arrêt international contre l’ancien rebelle accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Les partisans de Bozizé ont vite crié à la manœuvre politicienne, mais la vérité est que leur leader se fait rattraper par ses propres turpitudes. Du moins, le passé de François Bozizé le rattrapera-t-il ?
En tout cas, ce mandat d’arrêt émis par la CPS constitue, a priori, une victoire pour cette juridiction spéciale mise en place pour rendre justice aux innombrables victimes des différentes crises militaro-politiques que la Centrafrique connaît depuis plusieurs décennies. Ce faisant, pour toutes les victimes, notamment celles du camp de détention de Bossembélé créé par Bozizé lui-même, c’est l’espoir de voir les ténèbres se dissiper pour faire place à la lumière.
Publication du mandat d’arrêt international émis à l’encontre de Mr François Bozize YANGOUVONDA, ancien Président de la République Centrafricaine.Ce mandat d’arrêt international vise les crimes commis entre février 2009 et le 23 mars 2013.
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Il n’en demeure pas moins que la route menant à cette vérité reste jonchée d’obstacles. En effet, plusieurs questions se posent. François Bozizé sera-t-il extradé ? La justice centrafricaine a-t-elle les moyens de mettre le grappin sur l’ancien président ? Sans doute la CPS nourrit-elle l’espoir que la Guinée-Bissau, où vit le suspect depuis un bout de temps, acceptera de le livrer.
Forte capacité de nuisance
On attend de voir ce que réserveront les discussions engagées entre les deux parties. Pour l’heure, il faut se rendre à l’évidence que sans une volonté politique des autorités centrafricaines et de toutes les parties impliquées dans le dossier, la CPS n’aura pas les moyens de faire extrader Bozizé et de le juger.
Mais la question de savoir si le régime de Faustin-Archange Touadéra a vraiment intérêt à voir François Bozizé débarquer à l’aéroport de Bangui ne paraît pas saugrenue. L’actuel président centrafricain ne préfère-t-il pas garder éloigné le leader du mouvement Kwa Na Kwa [“Convergence nationale”, parti politique fondé par Bozizé à son arrivée au pouvoir] ? En tout état de cause, François Bozizé, quoique affaibli et avec ses réseaux amoindris, dispose toujours d’une forte capacité de nuisance. À tel point que Touadéra, qui s’est révélé être un assoiffé du pouvoir, ne voudrait prendre aucun risque en l’accueillant à Bangui.
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