Le maloya, complainte australe et ancestrale

Une nouvelle compilation parue sur le label anglais Strut met à l’honneur cette musique de la Réunion qui porte les stigmates d’un passé colonial.

L’an passé, la compilation Soul Sok Séga mettait tout le monde raccord. On y découvrait une palanquée de musiciens ressortis des années 70 : tous métissaient leurs racines enfouies dans l’océan Indien avec les idiomes du moment (garage, funk, soul, psyché…). Le genre de cocktails adaptés aux longues nuits d’été. A l’époque, Quinton Scott, boss du label Strut, nous promettait une suite, toujours concoctée par La Basse Tropicale, paire de DJ réunionnais (Natty Hô et Konsöle), qui collectionnent des vieux sons du coin et confectionnent des mixs à partir de ces perles glanées dans leurs grands fonds tropicaux. «La Basse Tropicale a amassé une telle quantité d’archives que nous avons la matière pour documenter cette musique en profondeur.» C’est désormais chose faite avec Oté Maloya, parfait complément d’objet qui creuse le sillon cette fois du maloya, bande-son qui porte en elle l’âme et les larmes des «nèg marrons» de la Réunion.

Entre-temps, l’ancienne île Bourbon est devenue l’épicentre d’intenses échanges artistiques et encore récemment le sujet d’un week-end dédié au festival toulousain Rio Loco. Citons également les Genevois de Bongo Joe et leur Soul Sega Sa, anthologie qui ajoutait quelques pièces de choix à ce dossier, la redécouverte d’un patrimoine dont il ne faut pas oublier que le premier à y avoir réellement œuvré fut le label local Takamba. Dès 1997, il nous alertait sur la foisonnante variété de cet autre archipel de musiques créolisées. Vingt ans plus tard, cette aventure discographique a cessé depuis belle lurette, laissant quelques belles traces en mémoire, dont le violoniste et roi du séga Luc Donat, le jazz tropicalisé de Claude Vinh San, et bien entendu Alain Péters, le barde post-hippie qui signa l’éternel Rest’la Maloya.

C’est justement ce dernier, mort en pleine rue le 12 juillet 1995 à 43 ans, que l’on (...)

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