Malika Iberraken, mère d’un enfant autiste devenu joueur d’échecs : “J’ai mis ma vie entre parenthèses. Mon fils, c’est mon combat”

Confrontée à l’autisme de son fils, Malika Iberraken a vu sa vie basculer du jour au lendemain lorsque le diagnostic a été posé. Depuis, elle se consacre corps et âme à son enfant, tentant de le rendre le plus autonome possible. Pour Yahoo, cette mère de famille, dont la combativité n’est plus à prouver, a accepté de livrer son histoire. Un témoignage touchant.

Malika Iberraken a dû attendre sept ans pour que son fils prononce le mot “maman”. Diagnostiqué "autiste sévère" à l'âge de sept ans, Mohamed n’était à priori pas destiné à un destin hors du commun. Mais c’était sans compter sur l’acharnement de sa mère et sa passion pour les échecs qui l’ont complètement révélé. Désormais, le jeune homme de 17 ans semble épanoui et a récemment intégré l’école Saint-Cyr, un lycée militaire prestigieux. Sa mère, auteure de “Je n’ai plus peur, maman” (ed. Fayard), s’est confiée au micro de Yahoo, racontant ses nombreuses batailles et ses belles victoires. (Retrouvez l’intégralité de l’interview en fin d’article)

Comme elle le raconte, son fils montre très tôt des agissements qui posent questions. Dès la maternelle, sa maîtresse et la directrice de l’école lui font part de leurs inquiétudes. “Elles m’ont expliqué qu’il n’avait pas une attitude adaptée pour un enfant de son âge. Il ne se comportait pas comme les autres”, se remémore-t-elle tout en expliquant qu’il criait, sautait un peu partout et avait, bien souvent, les poings fermés. “C’était son moyen de communiquer. Il ne prononçait aucun mot”.

Finalement c’est à ses six ans que le diagnostic tombe. Malika est anéantie. Inquiète pour l’avenir de son enfant, elle décide alors de mettre sa vie entre parenthèses pour lui afin de lui permettre d’être le plus autonome possible. “Mon fils était pour moi mon combat, ma priorité”, ajoute-t-elle. Rapidement, Mohamed intègre un institut médico-éducatif, un établissement dont la mission est d’accueillir les enfants et adolescents en situation de handicap mental. C’est à cette période que les premières améliorations se font ressentir. “Un jour, il a prononcé le mot maman, ce mot que j’attendais tellement. C’est sorti de nulle part”, déclare-t-elle, non sans émotion.

VIDÉO - Malika Iberraken, mère d’un enfant autiste devenu joueur d’échecs : “Ce jeu a généré chez lui l’envie de réussir et de gagner”

Mais, le changement radical a réellement lieu lorsqu’il découvre les échecs. Voyant qu’il observait beaucoup l’échiquier de son oncle, Malika l’inscrit donc à un club de Blanc-Mesnil, espérant qu’il apprécierait ce jeu de réflexion. Et son flair ne l’a pas trompée. “Mohamed a tout de suite accroché”. Grâce aux échecs, le jeune garçon se développe intellectuellement et avance dans sa scolarité. Alors qu’il avait du mal à rester figé sur une chaise, il parvient à se concentrer et à rester attentif.

“Il avait l’envie de réussir et de gagner”, confie-t-elle tout en évoquant sa métamorphose. Ses moyennes scolaires oscillaient entre 18 et 19, dans toutes les matières. "Il a obtenu son brevet avec mention très bien”, explique-t-elle, très fière de son garçon. Et son engagement finit par payer. Ses bonnes notes lui permettent d’être sélectionné pour entrer au lycée militaire de Saint-Cyr, un établissement prestigieux. Âgé aujourd’hui de 17 ans, Mohamed semble épanoui et souhaite désormais faire de longues études et intégrer Polytechnique. Quant aux échecs, le jeune homme continue de s’y perfectionner et a pour ambition de devenir maître d’échecs.

VIDÉO - Malika Iberraken, mère d’un enfant autiste devenu joueur d’échecs : “Il a fallu se battre contre les institutions pour que mon fils ne soit pas mis dans des cases”

Mais comme le rappelle sa mère, tout n’a pas toujours été une partie de plaisir. “Il a fallu que je me batte contre les institutions pour que mon fils ne soit pas mis dans des cases”. Elle déplore notamment le manque d’actions et d'engagement des administrations. “Des portes se sont fermées. J’ai été reçue par des inspecteurs qui étaient à l’écoute mais derrière, il n’y avait rien de concret”, regrette-t-elle tout en se montrant, en revanche, reconnaissante envers les professionnels qui ont croisé la route de Mohamed durant son parcours. “Ils ont tous été formidables”.

Forte de son histoire, Malika a eu la possibilité grâce aux éditions Fayard de se livrer dans un ouvrage intitulé “Je n’ai plus peur maman”. Pour elle, l’objectif premier de ce livre était de “donner espoir aux parents dont l’enfant est en situation de handicap. Si j’ai aidé une famille à retrouver l’espoir, ce serait ma plus grande victoire”, conclut-elle.

Retrouvez en intégralité l'interview de Malika Iberraken