Malgré les injonctions d’Erdogan, la natalité turque est en berne

“Faites au moins trois enfants !” Cette recommandation, qui prend parfois la forme d’une injonction, le président islamo-nationaliste de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, n’a cessé de la répéter lors de ses rencontres avec la jeunesse turque ou de ses multiples discours à la nation, avec l’idée que la démographie est une arme qui renforce le poids économique et géopolitique d’un pays.

Mais, au long de ses vingt-deux ans de pouvoir, les Turcs ont, semble-t-il, fait la sourde oreille. Au grand dam d’Erdogan, le taux de natalité n’a cessé de baisser depuis 2001, jusqu’à atteindre un plus-bas historique, selon l’Office national de la statistique en Turquie (Tüik).

Alors qu’il s’établissait à 6,38 enfants en moyenne en 1960 et à 2,38 en 2001, le nombre moyen d’enfants par femme est tombé à 1,51 pour l’année 2023 [contre 1,68 en France pour la même année], un chiffre bien inférieur au seuil de 2,1 enfants nécessaire pour assurer le renouvellement naturel de la population.

Le coupable désigné : l’Eurovision

“C’est une catastrophe, un danger existentiel pour la Turquie”, s’est ému publiquement le président turc, le 20 mai, à la suite de la publication des chiffres officiels, rapporte l’hebdomadaire Gazete Oksijen.

Il a tout de suite désigné un coupable : l’Eurovision. La victoire d’un artiste suisse, Nemo, portant une jupe sur scène illustrerait, selon le dirigeant islamo-nationaliste, l’activité de nombreux “chevaux de Troie” venus de l’étranger et visant à “dégenrer” la jeunesse turque et à l’inciter à ne pas se reproduire.

La BBC Türkçe s’est, de son côté, entretenue avec des spécialistes de la question et propose d’autres explications au phénomène, notamment économiques. Le pays a été confronté ces dernières années à une crise économique et monétaire qui a précipité de nombreuses familles dans la pauvreté. “Le manque de moyens économiques et la peur du lendemain peuvent inciter les gens à renoncer à avoir des enfants, ou à reporter cette décision à plus tard”, précise ainsi la démographe Selin Köksal.

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