Maladie de Lyme : l’espoir d’un vaccin se rapproche

Causée par une bactérie transmise par les tiques, elle peut parfois être invalidante, déclenchant douleurs articulaires durables et paralysie partielle des membres.

La maladie de Lyme causée par une bactérie transmise lors d'une morsure de tique / Getty Images
La maladie de Lyme causée par une bactérie transmise lors d'une morsure de tique / Getty Images

Se promener en forêt sans craindre d'attraper la maladie de Lyme après une piqûre de tique. Ce pourrait bientôt être le cas avec la mise au point d'un vaccin dont des premiers résultats encourageants viennent d'être publiés.

Pour être atteint de la maladie de Lyme, il faut que la tique qui vous pique soit porteuse de la bactérie baptisée "Borrelia". Les travaux de l’Inrae, en collaboration avec l’Anses et l’école vétérinaire de Maison-Alfort, cibleraient directement le microbiote de la tique. Le vaccin provoquerait la fabrication d'anticorps qui, en cas de morsure par une tique, agiraient directement sur la tique de manière à ce qu'elle porte moins la bactérie Borrrelia, à l'origine de la maladie de Lyme.

Un vaccin efficace chez les souris

"La perturbation du microbiote intestinal des tiques va diminuer le taux d'infection chez elles. Ce qui donne moins de vecteurs de la maladie de Lyme dans l'environnement", explique Nathalie Boulanger, entomologiste médicale, spécialiste de la tique à l'Université de Strasbourg, à France Inter.

L'expérience, menée sur des souris, s'est avérée concluante et sans effet secondaire indésirable. Il faudra toutefois encore des années avant que le vaccin, s'il passe tous les tests nécessaires, ne soit commercialisé.

50 000 cas de Lyme par an

Selon Santé Publique France, 50 000 cas sont diagnostiqués par les médecins généralistes en France chaque année, pour environ 800 hospitalisations. Des chiffres que certains trouvent sous-estimés, faute de tests suffisamment efficaces. Certaines régions sont davantage touchées par les tiques porteuses d'agents pathogènes, susceptibles de transmettre la maladie de Lyme notamment.

La maladie de Lyme n'est pas contagieuse. L'infection, le plus souvent sans symptôme, peut parfois entraîner une maladie parfois invalidante (douleurs articulaires durables, paralysie partielle des membres…).

Les stades de la maladie

Santé Publique France distingue trois stades de la maladie : la maladie de Lyme précoce localisée, qui survient entre trois et 30 jours après la piqûre par une tique porteuse de la bactérie, et se caractérise par une plaque rouge et arrondie qui s’étend en cercle autour de la zone piquée puis disparaît en quelques semaines à quelques mois. Cet érythème migrant est la manifestation la plus fréquente (60 à 90 % des cas) et la plus évocatrice de la maladie de Lyme. Dans ce cas, un traitement antibiotique d'une quinzaine de jours suffit.

Le second stade, la maladie de Lyme précoce disséminée, survient de plusieurs jours à plusieurs semaines après la piqure de tique. Elle peut se caractériser de plusieurs manières : des érthythèmes multiples, des manifestations neurologiques (neuroborrélioses : méningoradiculite, paralysie faciale, méningite isolée, myélite aiguë) ou plus rarement des manifestations cardiaques, ophtalmologiques, articulaires comme de l'arthrite ou cutanée.

Les antibiotiques sont efficaces

Des symptômes qui n'interviennent qu’en l’absence de traitement antibiotique, notamment lorsque le premier stade de la maladie n'a pas été détecté. Enfin, le dernier stade, la maladie de Lyme tardive disséminée survient plusieurs mois voire années après la piqure de tique et se manifeste par des symptômes articulaires, cutanées et plus rarement neurologiques comme une encéphalomyélite).

La gravité de la maladie de Lyme est l'objet d'un important débat. Pour la majorité des spécialistes, c'est une pathologie connue, bien diagnostiquée, et que l'on sait soigner avec des antibiotiques. Mais certains patients estiment que le mal est sous-estimé et se sentent abandonnés. Un rapport parlementaire pour améliorer leur prise en charge a été rendu, début 2021.

Une maladie dont la gravité fait débat

Pour Éric Caumes, chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital de la Pitié-Sapêtrière, à Paris, et auteur de Maladie de Lyme : réalité ou imposture (éd. Bouquins, 2021), de nombreuses pathologies sont attribuées à tort à la maladie de Lyme et les patients, mal diagnostiqués, y trouvent refuge.

"On a des gens qui sont en souffrance médicale réelle, parce que personne ne veut s’occuper d’eux, parce que c’est trop compliqué, donc il faut qu’ils se raccrochent à quelque chose et la maladie de lyme est un très bon exutoire pour ça", explique-t-il à France Info. D’après une étude parue dans la revue scientifique Médecine et maladie infectieuses, une autre pathologie est diagnostiquée chez 80% des patients venus consulter pour un Lyme supposé.

VIDÉO - Comment se protéger des tiques?