Le mal du pays frappe aussi les expats seniors

“Que signifie être chez soi pour vous ?” a demandé le quotidien britannique The Telegraph à ses lecteurs, qui ont été très nombreux à réagir au témoignage d’une de leur concitoyenne qui avait quitté la campagne près de Londres pour Washington, aux États-Unis, et souffrait du mal du pays. Le journal a donc décidé de publier trois témoignages d’expatriés seniors sur leur rapport à leur pays.

Jane Seccombe, 67 ans, vient d’Afrique du Sud, mais elle vit aux États-Unis depuis 1994 et a obtenu la nationalité américaine en 2005. Si elle y apprécie l’état d’esprit valorisant le travail, “peu importe qui vous êtes et d’où vous venez”, elle n’en a pas moins éprouvé un choc culturel et apprécie de pouvoir retourner dans son pays, car “c’est toujours aussi merveilleux de ressembler à tout le monde et de ne pas se démarquer avec [son] accent”.

Patience Lacy-Smith est britannique et a déménagé en Californie pour se rapprocher de ses deux filles et de ses trois petits-enfants. Elle a pourtant assez vite déchanté. Elle a passé trois fois le permis de conduire américain avant de l’obtenir, alors qu’elle conduisait à Londres, sans doute en raison d’un préjugé lié à son âge, pense-t-elle. Cela lui semble d’autant plus ironique qu’elle trouve que les Américains “n’hésitent pas à parcourir cinq voies pour arriver à la sortie souhaitée ou à entrer et à sortir de la circulation un peu comme dans un rodéo urbain”. Elle déplore également les loyers exorbitants, le climat politique et la superficialité des Californiens :

“Vous êtes jugé sur votre voiture, sur votre adresse et sur vos vêtements de marque. Vous devez être blonde, vous devez régulièrement faire des injections de Botox et vous devez être mince.”

Elle a finalement décidé de rentrer au Royaume-Uni où, selon elle, “la vie est vraiment belle. Personne ne prétend être ce qu’il n’est pas.”

Tom Donley, 71 ans, rêvait de suivre le même chemin, des États-Unis vers le Royaume-Uni, d’où est originaire son épouse. En 2003, le couple a emménagé dans une ancienne forge du Lincolnshire. Mais en 2010, ils ont dû rentrer au Texas pour prendre soin de la sœur cadette de Tom, victime d’un AVC. À leur retour en Angleterre, en 2023, Tom a décrit la période de deuil qu’il a traversée, devant s’adapter à un rythme de vie différent et à un paysage autrefois familier qui avait complètement changé : “Il m’a fallu un certain temps pour passer des trajets tranquilles sur des routes de campagne où j’apercevais autrefois des lièvres, des faisans à collier, des cerfs et des blaireaux, aux routes à grande vitesse qui transforment tout le monde en conducteur de Nascar [organisme qui régit les courses automobiles de stock-car aux États-Unis] juste pour survivre.”

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