Mal-être

Le clown incarne une multitude de figures, et notamment celle du bouffon (il n’est pas tant associé à l’humour qu’à la moquerie), mais toutes ont cette même caractéristique : ce sont des personnages solitaires. Pire, seuls parmi la foule railleuse, ils masquent leur mal-être derrière un visage figé sur lequel ne transparaît aucune expression ni émotion. Pas étonnant, donc, qu’il provoque en nous un tel malaise. Un malaise qui pourrait être amplifié en ce 31 octobre, jour de Halloween, alors que les forces de l’ordre s’inquiètent de la prolifération des clowns maléfiques dans la foulée des attaques de ces dernières semaines qui ont vu des ados se grimer pour terroriser les passants. L’affaire a été suffisamment prise au sérieux par la police pour qu’elle dégaine des communiqués qui seraient drôles s’ils ne traduisaient une réalité aussi sordide. Exemple, parmi d’autres :

«Les clowns qui s’inspirent de Massacre à la tronçonneuse ne sont pas les bienvenus devant les écoles.» Comme l’explique le sociologue Thierry Breton dans son analyse (lire page 5),«le masque n’assure pas seulement l’anonymat, il favorise aussi la levée des interdits, suspend l’exigence morale, lève le verrou du moi et laisse libre cours au jaillissement de la pulsion». Défouloir pour ados en besoin de virilité, ce travestissement et l’abus qui en est fait a tout du cache-misère. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne fait plus rire du tout.

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L'essentiel
Des pitres apaisés chez les alters
Le bouffon diabolique, figure classique
Sur Facebook et Internet, un entrain pas fantôme
Des clowns provocants au milieu de figurants