Yahoo Actualités Maho Bah Villemagne devient le premier boxeur transgenre autorisé à concourir dans la catégorie de son choix en France
TRANSIDENTITÉ - À 30 ans et avec presque autant de combats de boxe anglaise féminins derrière lui, Maho Bah Villemagne vient de remporter une victoire d’un nouveau genre. Il devient le tout premier boxeur transgenre à pouvoir concourir officiellement dans les catégories masculines en France.
Champion de France militaire en catégorie féminine en 2022, Maho se réjouit de la suite qui l’attend et se prépare pour ses prochains combats, qui inaugureront son entrée dans cette nouvelle catégorie. « C’est une nouvelle incroyable », s’enthousiasme-t-il.
Maho, combattant sur le ring et en dehors
C’est dans le quartier historique du Panier, à Marseille, que le boxeur s’entraîne quotidiennement, dans une salle ornée de nombreux gants de boxe accrochés à la fenêtre. Son entraîneur Diego Negri le suit depuis le début de sa carrière, en 2017, et décrit son protégé comme « un combattant, un militaire ». Car hors du ring, Maho est aussi lieutenant dans l’armée de l’air, et garde dans tous ses combats « la même mentalité, la même discipline, le même courage » selon son entraîneur. Ces dernières années, il a concouru à 28 combats en amateur chez les femmes, décrochant le titre de vice-champion de France amateur et celui de champion de France militaire tous deux en catégorie féminine.
Pourtant, cela ne suffit pas pour le sportif. « Je n’étais pas vraiment moi », raconte-t-il. Un mal-être qui l’a poussé à poursuivre des démarches médicales et juridiques pour une transition de genre. Le changement à l’état civil s’est officiellement fait le 22 décembre 2023. Maho n’a pas attendu pour demander une modification de sa licence à la Fédération française de boxe anglaise. Le 10 mai, les membres du comité directeur fédéral ont approuvé à l’unanimité sa licence en boxe amateur en tant qu’homme : une première pour un athlète transgenre dans la boxe en France.
Encore quelques étapes à franchir pour Maho
Ce changement pour Maho ne se fera pas sans qu’il se soumette à une série de tests d’une commission médicale indépendante dans les prochains mois : « Par rapport à ma transition, je prends de la testostérone. Il y a un certain taux à ne pas dépasser, sinon c’est considéré comme du dopage ». Cette décision « fait déjà jurisprudence », souligne le directeur adjoint de la Fédération française de boxe anglaise, Serge Pautot.
Reste une dernière étape à franchir, puisque la Fédération a exigé que Maho participe à cinq combats amateurs avant la fin de l’année 2024, afin de lui décerner ou non sa licence en professionnel. Une condition qui crée une pression particulière pour lui : « Si je perds ces combats, je veux que ce soit mon problème. Je ne veux pas que ça retombe sur toute ma communauté » explique l’athlète.
Pour son coach, « il y a une dimension psychologique, sociale, politique différente dans ces matchs. Mais souvent, la boxe a été plus qu’un sport », rappelle-t-il. « À mon époque, c’était interdit pour les femmes de boxer. Penser ça aujourd’hui, ça serait scandaleux. »
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