Mahamat Idriss Déby élu président au Tchad : “la fin d’un faux suspense !”

Annoncés pour le 21 mai prochain, soit deux semaines après le déroulement du scrutin [qui a eu lieu le 6 mai], les résultats de la présidentielle au Tchad ont été rendus publics le 9 mai dernier. Pourquoi un tel revirement, qui semble avoir surpris plus d’un ? Même si l’Autorité nationale de gestion des élections (ANGE) n’a pas jugé utile de se justifier, tout porte à croire qu’elle a subi des pressions. Car, depuis la fermeture des bureaux de vote, et alors même que la compilation était en cours, des bruits couraient sur les réseaux sociaux, donnant le Premier ministre, Succès Masra, vainqueur dès le premier tour.

Carte du Tchad. COURRIER INTERNATIONAL
Carte du Tchad. COURRIER INTERNATIONAL

Redoutant donc de se faire couper l’herbe sous le pied par les nouvelles technologies de l’information, le président Mahamat Idriss Déby a préféré prendre les devants, et cela en instrumentalisant le patron de l’ANGE, qui, comme on pouvait s’y attendre, l’a déclaré vainqueur de la présidentielle.

Pouvait-il en être autrement quand on sait que, dans nos républiques bananières, les désirs des princes régnants font loi ? Le Tchad n’est pas le Sénégal, où les institutions sont très fortes, et où les intérêts d’un individu ou d’un clan ne sauraient primer ceux du peuple. En tout cas, tous ceux qui rêvaient d’une possible alternance au Tchad doivent désenchanter.

La parenthèse de la transition refermée

Ce ne sera pas demain la veille, tant la famille Déby a tout verrouillé et n’entend pour rien au monde lâcher prise. Le pouvoir du père ne se donne pas. Et tant pis pour ceux qui, dans l’opposition ou dans la société civile, continuent de ruer dans les brancards. Ils seront, dans le meilleur des cas, embastillés et, dans le pire des cas, envoyés ad patres. On a encore en mémoire les circonstances tragiques dans lesquelles ont péri Yaya Dillo et certains cadres de son parti [en février, l’opposant Yaya Dillo Djerou, par ailleurs demi-frère de Mahamat Idriss Déby, avait été tué par les forces de sécurité lors d’un assaut contre le siège de son parti].

Quant à Succès Masra, on ne peut que s’interroger sur son avenir politique. Va-t-il mériter la confiance de Déby fils en restant toujours à la primature ? Ou va-t-il rejoindre ses camarades d’hier de l’opposition qui l’accusent, à tort ou à raison, d’avoir trahi la cause en acceptant non seulement de devenir chef de gouvernement de celui qu’il a combattu, mais aussi de jouer le jeu de ce dernier en l’accompagnant à une présidentielle dont le vainqueur était connu d’avance ?

[...] Lire la suite sur Courrier international

Sur le même sujet :