Madame Yevonde, pionnière oubliée de la photo en couleurs

“Mask (Rosemary Chance)”, 1938.. PHOTO YEVONDE/NATIONAL PORTRAIT GALLERY, LONDRES
“Mask (Rosemary Chance)”, 1938.. PHOTO YEVONDE/NATIONAL PORTRAIT GALLERY, LONDRES

La National Portrait Gallery, à Londres, propose une rétrospective de la photographe britannique Yevonde Cumbers (1893-1975).

“Être originale ou mourir” était sa devise.

Aujourd’hui encore, les photos de Madame Yevonde (son nom d’artiste) impressionnent. “Les couleurs sont tellement vives, on a du mal à croire qu’elles datent de près d’un siècle”, commente Aperture, un célèbre magazine photo américain.

“John Gielgud”, 1933. Le grand acteur britannique est portraituré en Richard II, un rôle qu’il joue alors dans la pièce “Richard of Bordeaux”.. PHOTO YEVONDE/NATIONAL PORTRAIT GALLERY, LONDRES
“John Gielgud”, 1933. Le grand acteur britannique est portraituré en Richard II, un rôle qu’il joue alors dans la pièce “Richard of Bordeaux”.. PHOTO YEVONDE/NATIONAL PORTRAIT GALLERY, LONDRES

“La couleur faisait partie de son ADN”, raconte le magazine britannique The Spectator : son père dirigeait une fabrique d’encres d’imprimerie.

À l’adolescence, Yevonde Cumbers rejoint le mouvement des suffragettes, qui milite pour que les femmes obtiennent le droit de vote au Royaume-Uni. Et “décide qu’une carrière de photographe servirait parfaitement ses aspirations à l’indépendance financière”, écrit Apollo, un magazine d’art londonien.

En 1914, elle ouvre son atelier de photographe. Elle a 21 ans.

“Margaret Sweeny (Whigham, later Duchess of Argyll) 1”, 1938.. PHOTO YEVONDE/NATIONAL PORTRAIT GALLERY, LONDRES
“Margaret Sweeny (Whigham, later Duchess of Argyll) 1”, 1938.. PHOTO YEVONDE/NATIONAL PORTRAIT GALLERY, LONDRES

Mais c’est bien “l’arrivée de la couleur qui révolutionne son travail”, insiste Apollo.

Les années 1930 sont très fécondes pour elle.

Elle multiplie les expérimentations avec le procédé Vivex, commercialisé entre 1928 et 1939.

À l’époque, ses collègues photographes préfèrent le noir et blanc. Pour eux, la couleur est tout juste bonne à illustrer les publicités.

Madame Yevonde, elle, “se réjouit du fait que la photographie en couleur ‘n’ait ni histoire, ni tradition, ni vieux maître, mais uniquement un avenir !’”, rapporte le quotidien britannique The Telegraph.

“Hourrah ! Nous sommes à la veille d’une époque merveilleuse. Place aux cheveux roux, aux uniformes, aux teints délicats et aux ongles colorés. Quitte à renoncer au noir et blanc, autant faire couler des torrents de couleur.”

Madame Yevonde devant la Société royale de photographie, en 1932.

“Le rouge devient sa teinte de prédilection”, souligne Apollo. Comme dans ce portrait de l’actrice Vivien Leigh, connue pour son rôle dans Autant en emporte le vent.

“Vivien Leigh”, 1936.. PHOTO YEVONDE/NATIONAL PORTRAIT GALLERY, LONDRES
“Vivien Leigh”, 1936.. PHOTO YEVONDE/NATIONAL PORTRAIT GALLERY, LONDRES

L’un des travaux les plus célèbres de Madame Yevonde est la série Déesses. Elle fait poser des dames de la haute société dans les atours de personnages de la mythologie (pages suivantes).

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