Des macronistes veulent passer au crible le budget de l'État pour favoriser l'égalité femmes-hommes

Un sujet marqué à gauche qui débarque dans les rangs de la macronie. Après plusieurs villes qui ont lancé des budgets sensibles au genre, deux députés de la majorité présidentielle s'emparent de cette thématique. Plusieurs élus locaux macronistes s'y étaient pourtant jusqu'ici opposés.

"On veut chausser les lunettes de l'égalité pour regarder nos dépenses publiques", résume la députée Renaissance Céline Calvez auprès de BFMTV.com.

Sortir "des biais inconscients"

L'élue des Hauts-de-Seine va présenter ce mardi après-midi un rapport d'information devant la délégation des droits des femmes pour faire rentrer les critères d'égalité entre les sexes dans le futur budget de l'État.

Très concrètement, le but est de se demander si chaque ligne du budget de la France, des écoles aux hôpitaux en passant par la police, permet un égal accès des politiques publiques aux hommes comme aux femmes. Sans fonds supplémentaires et sans obligation de résultats, la démarche se veut plutôt incitative et vise à pousser à la réflexion.

"En tant qu'élue locale, j'ai vu qu'on donnait plus de subventions municipales à des associations sportives considérées comme masculines et moins à celles vues comme féminines. Ce n'est plus possible de garder tous ses ces biais inconscients", tance la corapporteuse de la mission Sandrine Josso (Modem).

Une obligation dans la loi depuis 2014 pour les communes

Les parlementaires mettent leur pas dans ceux de Strasbourg, de Nantes, de Rennes ou encore de Lyon. Après la victoire du maire écologiste Grégory Doucet, la capitale des Gaules a lancé en 2021 un dispositif visant à établir un budget "sensible au genre" garantissant l'équilibre entre bénéficiaires hommes et femmes.

Le budget "sensible au genre est une méthode d'évaluation de la dépense publique du quotidien: les dépenses de la Ville bénéficient-elles plutôt aux hommes ou aux femmes? On se doit de répondre à la question", avait alors expliqué la municipalité.

Depuis 2014, la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes prévoit d'ailleurs que les communes de plus de 20.000 habitants, les conseils départementaux et les conseils régionaux élaborent un rapport sur l’égalité entre les hommes et les femmes, préalablement aux débats sur le budget, mais elle ne s'applique guère.

Éviter "les stéréotypes genrés"

Le législateur s'était alors directement inspiré de l'Australie et qui avait rendu un temps obligatoire cette pratique. Depuis, le Maroc et le Rwanda appliquent également ces critères à chaque vote de leur budget.

Mais la démarche reste rare en France et ne se retrouvent que dans les communes dirigées par la gauche.

"Quand on commande une affiche pour un festival, il ne faut pas qu’il y ait de stéréotype genré. Dans les espaces verts, si on se rend compte qu’à la nuit tombée on a beaucoup moins de femmes, et si elles trouvent qu’il n’y a pas assez d’éclairage, on y remédiera", explique Audrey Hénocque, l'adjointe EELV aux finances de Lyon dans les colonnes du Figaro.

Les rapporteures espèrent "le consensus"

Ces initiatives font régulièrement grincer des dents dans les rangs des opposants politiques. À Nantes, les élus Renaissance ont ainsi voté contre le budget de la municipalité en février dernier qui adoptait pour la première fois la grille d'analyse d'un budget genré.

"Il faut sortir de la logique politique sur le sujet. On est en 2023, on pourrait se dire que ce type d'approche fait consensus", veut croire la macroniste Céline Calvez.

Une scène avait pourtant fait les choux gras des opposants à Lyon. Présent lors de la rentrée scolaire dans une école primaire qui avait supprimé les cages de football de la cour au profit des potagers pour s'assurer d'un égal accès de tous les élèves à l'espace de la cour, Grégory Doucet s'était confronté à la frustation d'un petit garçon.

Audition de Gabriel Attal

"De base, moi, je voulais des cages de foot et un ballon de foot. Mais comme par hasard, y’a rien. Y'a que j'sais-pas-quoi, comment ça s'appelle ça ? Ouais des copeaux. Et après y'a de la terre. Et après y'a rien", avait lancé l'élève, sans susciter de réponse de la part de l'édile.

Le ministre des Comptes publics Gabriel Attal devrait être auditionné par la délégation aux droits des femmes. Avec un objectif pour les deux rapporteures: que la future loi de programmation de finances qui planifie sur plusieurs années les dépenses et les recettes de l'État puisse intégrer une approche genrée.

Article original publié sur BFMTV.com