Macron sur TF1 pour conjurer une union des mécontents

Invité du journal de 13h00 de TF1 ce jeudi, Emmanuel Macron tentera de conjurer la constitution d'un front des mécontents moins d'un an après son élection à la présidence. /Photo prise le 9 avril 2018/REUTERS/Ludovic Marin

PARIS (Reuters) - Invité du journal de 13h00 de TF1 ce jeudi, Emmanuel Macron tentera de conjurer la constitution d'un front des mécontents moins d'un an après son élection à la présidence.

Jusqu'ici avare d'interviews, le chef de l'Etat répondra aux questions de Jean-Pierre Pernaut, dont le journal fait la part belle aux sujets de proximité, dans une école de Berd’huis, dans l'Orne.

Il renouvellera l'exercice dimanche soir sur RMC-BFMTV et Mediapart, une expression en deux temps qui doit permettre de toucher des publics différents, selon le porte-parole du gouvernement.

Alors que les cheminots mènent le mouvement social le plus percutant du quinquennat et que la grogne s'exprime dans des hôpitaux, des universités ou parmi les fonctionnaires, "la prise de parole du président de la République n'a pas été organisée pour répondre à l'actualité" sociale, assure son entourage.

L'opposition peint au contraire un président inquiet de la montée des mécontentements et de l'érosion de sa popularité.

"L'objectif est de chercher à renouer avec toutes les catégories qu'il a blessées avec sa politique", a dit à Reuters le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure.

Pour le président du groupe socialiste au Sénat, Patrick Kanner, "on est à un tournant de la première partie du quinquennat". "Il y a un faisceau de présomptions sur le climat social. Pour Emmanuel Macron, le pain blanc a été mangé, la confiance absolue dans le chef s'émousse", a-t-il dit à Reuters.

En ligne de mire notamment, les retraités mécontents de la hausse de la CSG qui ont manifesté ces derniers mois, les classes populaires sensibles aux discours fustigeant le "cadeau" aux riches que représenterait la réforme de l'ISF, mais aussi les publics de BFM TV et Mediapart, plus jeunes et urbains.

"Le président de la République veut parler pleinement sans se soustraire à aucune question avec un objectif attendu par les Français de mettre en perspective l'ampleur de la transformation qui est en cours", a dit à Reuters Stanislas Guérini, député La République en marche.

Emmanuel Macron, qui accuse ses prédécesseurs d'avoir manqué de courage pour réformer le pays, pourra affirmer que les efforts demandés aux Français portent de premiers fruits, en soulignant l'amélioration de la conjoncture économique et la réduction plus forte que prévu des déficits publics.

Il pourra rappeler que des promesses fiscales se réaliseront dans quelques mois avec une baisse de la taxe d'habitation et l'amplification des baisses de cotisations sociales salariales.

L'évacuation en cours du site de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) par les forces de l'ordre et surtout l'opération militaire qui semble se dessiner contre le régime syrien pourraient quant à elles renforcer la dimension régalienne de ces interventions.

(Jean-Baptiste Vey et Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)