Macron porte le collège européen du renseignement sur les fonts baptismaux

Emmanuel Macron doit porter mardi sur les fonts baptismaux le "collège européen du renseignement", une plateforme d'échanges d'informations non opérationnelles destinée à faire émerger une "culture stratégique commune" face aux autres grandes puissances dans un contexte géopolitique bouleversé. /Photo prise le 25 février 2019/REUTERS/Christophe Ena

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron doit porter mardi sur les fonts baptismaux le "collège européen du renseignement", une plateforme d'échanges d'informations non opérationnelles destinée à faire émerger une "culture stratégique commune" face aux autres grandes puissances dans un contexte géopolitique bouleversé.

Annoncée par le chef de l'Etat français lors de son discours de la Sorbonne de septembre 2017 sur une "Europe souveraine unie et démocratique", cette structure doit permettre à "l'ensemble des services de renseignement - civil, militaire, intérieur et extérieur - de se parler", souligne-t-on à l'Elysée.

Une fois son rythme de croisière atteint, ce collège, qui regroupera l'ensemble des services de renseignement des Etats membres de l'Union européenne plus ceux de la Norvège et de la Suisse, se réunira et organisera des évènements en moyenne quatre fois par an, a-t-on ajouté.

Au-delà de "sensibiliser les décideurs aux enjeux du renseignement", la structure aura également pour mission de faciliter le partage des expériences professionnelles et des savoir-faire et de favoriser une réflexion stratégique via des échanges avec des chercheurs et des universitaires extérieurs.

"Il ne s'agit en aucun cas de la préfiguration d'un service de renseignement européen", insiste-t-on à Paris où, comme dans les autres capitales européennes, la question de la création d'un "FBI européen" ressurgit à chaque attentat. "Le renseignement reste une prérogative nationale et non pas communautaire".

Ce collège, qui "n'est pas un produit" de la Commission européenne même si des liens étroits existent de facto, "ne sera pas non plus un centre de formation pour agents, ajoute-t-on. Sa gouvernance, toujours en discussion, devrait être précisée et finalisée lors d'une première réunion fin mars à Madrid.

"POIDS LOURDS EUROPÉENS"

Pour son lancement, les "poids lourds" du renseignement européen se sont retrouvés dès lundi à Paris pour une première série d'ateliers de réflexion, co-animés par des équipes bi-nationales.

La journée de mardi sera marquée par une table ronde à laquelle participeront responsables des services de renseignement, européens et universitaires et qui sera clôturée par Emmanuel Macron qui présentera les perspectives du projet.

Dans son discours de la Sorbonne, le chef de l'Etat avait souhaité que la "culture commune s’étende, dans la lutte contre le terrorisme, à nos services de renseignement."

"Je souhaite ainsi la création d'une Académie européenne du renseignement pour renforcer les liens entre nos pays, par des actions de formation et d’échanges", avait-il notamment dit, sans entrer dans les détails.

Depuis 2001, l'Union européenne est dotée d'un centre de renseignement (INTCEN) qui est chargé de l'analyse stratégique de la menace terroriste à l'intérieur et à l'extérieur de l'Europe mais qui n'échange pas de données opérationnelles.

(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)