Macron - Le Pen, un nouveau débat ? Les enseignements de cette potentielle joute pour les européennes

Un nouveau débat Macron - Le Pen ? Les 3 enseignements à tirer de ce pas de danse (photo prise le 20 avril 2022)
Christian Hartmann via Reuters Un nouveau débat Macron - Le Pen ? Les 3 enseignements à tirer de ce pas de danse (photo prise le 20 avril 2022)

POLITIQUE - Valse à trois leçons. À moins d’un mois désormais des élections européennes, la campagne se cristallise autour des différents débats entre candidats ou personnalités de premier plan. Alors que se profile une joute attendue entre Gabriel Attal et Jordan Bardella, l’hypothèse d’un nouveau round entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron émerge.

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Dimanche 12 mai, La Tribune et Le Parisien ont effectivement publié les confidences de plusieurs interlocuteurs du président de la République, selon lesquelles il pourrait être tenté de descendre dans l’arène et croiser de nouveau le fer avec la leader d’extrême droite. Cette idée tourne depuis un certain temps dans son entourage, confirme un proche ce lundi à l’AFP.

Avec plaisir, a d’abord répondu Marine Le Pen, en substance, avant d’ajouter certaines conditions, la première étant que ce nouveau match ait lieu après le scrutin du 9 juin. Une façon d’en éloigner, un peu, la perspective. Il n’empêche. Relativement inattendu, ce pas de danse recèle plusieurs enseignements sur la campagne des européennes. Et au-delà.

Macron prêt à enfiler les gants

Du côté du camp présidentiel, l’idée est de miser sur ce qui doit le mieux marcher pour mobiliser les troupes. Et sauver les meubles. Après un discours fleuve à la Sorbonne, puis de nombreux entretiens publiés dans la presse, Emmanuel Macron est donc tenté de s’impliquer encore davantage dans la campagne de Valérie Hayer. Jusqu’à ressusciter le débat de l’entre-deux-tours des deux dernières présidentielles.

Il faut dire que la candidate du bloc Renaissance - MoDem - Horizons est en difficulté dans les sondages, très loin derrière la liste du Rassemblement national et menacé par le chef de file des socialistes Raphaël Glucksmann comme vous pouvez le voir dans notre compilateur ci-dessous. Problème : la présence ponctuelle du président de la République n’a pour l’heure été d’aucun effet sur les intentions de vote.

Dans ce contexte délicat, un tel débat aurait permis aux macronistes de mettre la pression sur Marine Le Pen, qui n’avait pas réussi à convaincre lors des exercices de 2017 et de 2022 face au candidat Macron. Ceci, dans le sillage de Gabriel Attal, le Premier ministre qui essayera, lui, de faire vaciller Jordan Bardella le 23 mai sur France 2. Mais ce n’est pas tout.

Glucksmann mis de côté

En agitant l’hypothèse d’un débat avec la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, le camp Macron continue de miser sur une élection en forme de duel avec l’extrême droite. Entre une famille qui serait la seule représentante des proeuropéens, et les « nationalistes, antieuropéens » qui contribue à faire peser un « danger mortel » sur le continent, selon les mots du locataire de l’Élysée.

Dans cette stratégie, il n’y a donc pas de place pour Raphaël Glucksmann, le troisième homme de la course qui semble attirer les électeurs de gauche déçus du macronisme. « On l’ignore », aurait d’ailleurs lancé Emmanuel Macron à ses troupes quant à la stratégie à adopter face à la tête de liste PS et Place Publique, selon Le Monde. Une forme d’ostracisation qui agace le principal concerné.

« Réinstaller en permanence ce faux duel entre le gouvernement et l’extrême droite, entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, entre Gabriel Attal et Jordan Bardella, c’est extrêmement dangereux », a ainsi tonné l’eurodéputé dimanche sur France 3, en jugeant anormal « que le service public organise à quinze jours de l’élection européenne, un débat (...) entre la droite et l’extrême droite en excluant la gauche. »

Le Pen vise le coup d’après

Du côté du Rassemblement national, enfin, la réaction de Marine Le Pen donne également matière à commentaires. La triple candidate à la présidentielle a rapidement expliqué qu’elle était partante pour un débat avec le chef de l’État, laissant entendre qu’elle pourrait accepter une telle proposition avant les européennes. Puis, de préciser finalement qu’il serait « utile » de le faire « en septembre. »

Une réponse susceptible d’ouvrir une brèche pour le camp présidentiel, dont les membres se pressent d’accuser la leader d’extrême droite de fuir le débat. « Cela dit tout de son absence de compétence sur les enjeux européens », a par exemple cinglé Valérie Hayer ce lundi matin sur RTL.

Gageons qu’il s’agit, aussi, pour Marine Le Pen, de se ménager un levier pour reprendre la main après les élections européennes dans son propre camp. Un scrutin qui, s’il se transforme en triomphe, pourrait aiguiser les velléités de Jordan Bardella après des mois à écumer les plateaux et occuper les ondes. Dans ce contexte, ce nouveau round avec Emmanuel Macron - qu’il soit finalement organisé, ou non - permettra à Marine Le Pen de rappeler qu’elle tient bien les rênes pour 2027. À toutes fins utiles.

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