Macron aux Pays-Bas : ce que cache cette première visite d’État en 20 ans

Ce que cache la visite d’Etat de Macron aux Pays-Bas, une première depuis plus de 20 ans (photo prise le 30 janvier 2023)
Ce que cache la visite d’Etat de Macron aux Pays-Bas, une première depuis plus de 20 ans (photo prise le 30 janvier 2023)

POLITIQUE - Un petit tour et puis s’en va (à nouveau). Emmanuel Macron, à peine revenu de Chine et toujours dans la tourmente des retraites, décolle pour les Pays-Bas, pour une escapade de deux jours destinée à sceller le rapprochement des deux nations au sein de l’Union européenne.

Emmanuel et Brigitte Macron sont attendus ce mardi 11 avril au matin à Amsterdam. Ils seront accueillis par le roi Willem-Alexander et son épouse Maxima, avec un cérémoniel comprenant une revue des troupes, avant un dîner d’État mardi soir au château royal.

C’est la première fois, depuis 2000 qu’un président français à droit aux honneurs d’une visite d’État dans le pays. À l’Élysée, on évoque « l’expression d’un rapprochement franco-néerlandais qu’il était temps de le reconnaître » et « le résultat d’une forme de tectonique européenne que l’on peut dater au moins de 2016 » avec le Brexit. Deux jours, loin de Paris, qui seront aussi l’occasion pour Emmanuel Macron de pousser certains de ses sujets phares sur la scène internationale.

La « souveraineté économique » au menu

Le chef de l’État, revenu samedi de Chine, prononcera un discours sur la souveraineté économique et industrielle de l’UE mardi après-midi à l’institut de recherche Nexus à La Haye. Le cadre idéal pour son offensive en faveur d’un plan d’investissements massifs dans l’industrie verte en Europe qui vise à répondre à celui lancé par Joe Biden.

L’UE s’inquiète aussi d’une trop grande dépendance vis-à-vis de la Chine dans certains secteurs économiques stratégiques. « Nous ne voulons pas dépendre des autres sur les sujets critiques », a insisté le président de la République dimanche dans le quotidien économique Les Échos. « Le jour où vous n’avez plus le choix sur l’énergie, sur la manière de se défendre, sur les réseaux sociaux, sur l’intelligence artificielle parce qu’on n’a plus l’infrastructure sur ces sujets, vous sortez de l’Histoire pour un moment. »

Dans la foulée du discours, Paris et La Haye signeront mercredi un « pacte pour l’innovation », avec à la clé des coopérations dans les semi-conducteurs, la physique quantique et l’énergie. Le français STMicroeletronics et le néerlandais ASLM, deux poids lourds européens des semi-conducteurs, ont d’ailleurs déjà des projets communs.

Du côté de la physique quantique, qui permet de démultiplier la puissance de calcul des ordinateurs, les Vingt-Sept prévoient d’investir sept milliards d’euros, « ce qui est supérieur à ce que font à la fois les Américains et la Chine », souligne l’Élysée. « Mais aucun des pays européens tout seul ne réussira, on a besoin de collaboration, on a besoin des forces de chacun des acteurs », insiste Paris.

« Convergence » et « collaboration »

Signe de l’importance diplomatique de cette visite, le chef de l’État sera accompagné de sept ministres (Affaires étrangères, européennes, Armées, Intérieur, Transition énergétique, Industrie, Recherche et Transports) pour ce voyage néerlandais. Des consultations intergouvernementales ainsi devraient se ternir avec le Premier ministre Mark Rutte et son équipe mercredi.

Les deux dirigeants nourrissent une bonne relation personnelle, alors que celle entre le président français et le chancelier allemand Olaf Scholz reste encore à construire. Les Pays-Bas, réputés plus libéraux et frugaux au sein de l’UE, se sont aussi rapprochés d’autres partenaires européens depuis la sortie de leur allié traditionnel, le Royaume-Uni, de l’Union. De son côté, Emmanuel Macron a renforcé les liens avec d’autres capitales, notamment Rome et Madrid, au-delà de l’axe traditionnel Paris-Berlin.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, les positions de Paris et La Haye ont « convergé » en matière de souveraineté économique, notamment de politique industrielle, veut croire l’Élysée. « La visite d’État va permettre de renforcer (..) les efforts conjoints pour rendre l’Europe plus forte, plus verte et plus sûre », renchérit la Maison royale des Pays-Bas.

Une douce parenthèse pour Emmanuel Macron qui, dès son retour à Paris, pourra assister à une nouvelle journée de mobilisation sociale contre sa réforme des retraites.

À voir également sur Le HuffPost :

Jean-Louis Debré critique les élus macronistes, qui ripostent

Borne ne voit « pas de grand soir » pour l’élargissement de la majorité demandé par Macron