Macron n'est pas seul à Kiev, et c'est un message pour Poutine

Emmanuel Macron et Vladimir Poutine lors d'un sommet Normandie sur l'Ukraine, à Paris, le 2 décembre 2019 (Photo: CHARLES PLATIAU via REUTERS)
Emmanuel Macron et Vladimir Poutine lors d'un sommet Normandie sur l'Ukraine, à Paris, le 2 décembre 2019 (Photo: CHARLES PLATIAU via REUTERS)

Emmanuel Macron et Vladimir Poutine lors d'un sommet Normandie sur l'Ukraine, à Paris, le 2 décembre 2019 (Photo: CHARLES PLATIAU via REUTERS)

UKRAINE - Après plusieurs jours de rumeurs, le président français Emmanuel Macron a mis un terme au flou. Le chef de l’État est arrivé à Kiev ce jeudi 16 juin au matin, en compagnie du chancelier allemand Olaf Scholz et du chef du gouvernement italien Mario Draghi. Une conférence de presse est prévue à 14 heures avec Volodymry Zelensky, son homologue ukrainien.

Pour le trio de dirigeants, auquel s’est ajouté le président Roumain Klaus Iohannis, il s’agit de la toute première visite sur le territoire ukrainien depuis le début de l’invasion russe, il y a bientôt quatre mois, et elle revêt de nombreux symboles. Tout d’abord, l’organisation et les modalités placent immédiatement ce déplacement sous la bannière européenne. En venant à trois, ce n’est plus Paris, Berlin ou Rome, qui se déplace sur le territoire ukrainien, mais bien Bruxelles.

Un message qui a d’ailleurs été immédiatement clarifié par Emmanuel Macron sitôt descendu du train. Interrogé sur le sens de cette visite, le président a tout de suite évoqué  “un message d’unité européenne et de soutien au peuple ukrainien pour parler à la fois du présent de l’avenir”. De l’avenir, car c’est demain que la Commission européenne dira si elle recommande d’accorder ou non à l’Ukraine le statut de pays candidat à l’adhésion à l’UE.

Équation résolue face à Poutine

Si en France certaines oppositions tancent dans ce déplacement un “coup politique” à quelques jours du deuxième tour des élections législatives, pour Emmanuel Macron, il s’agit aussi de résoudre une équation et de solidifier la ligne de crête diplomatique sur laquelle il marche en équilibriste depuis le début du conflit.

En venant ce jeudi, le président français marque d’une image forte la présidence française du conseil de l’Union européenne qui touche à sa fin, réchauffe ses liens avec Zelensky qui fustigeait les appels de Macron à ne pas “humilier la Russie”, et tout cela -surtout- sans se froisser avec Moscou.

La dimension collective et européenne -renforcée par la présence du président roumain- de cette visite, permet d’éviter au locataire de l’Elysée de se singulariser, voire de se cornériser, vis-à-vis du Kremlin. Avec comme résultat de ménager aussi, in fine, sa ligne directe et le dialogue avec Vladimir Poutine. Un lien de communication critiqué au sein même de l’UE mais régulièrement mis en avant par l’Élysée pour l’issue du conflit. ”À un moment donné, lorsque nous l’aurons aidée à résister et lorsque –je le souhaite– l’Ukraine aura gagné et surtout que le feu pourra cesser, nous devrons négocier, le président ukrainien et ses dirigeants devront négocier avec la Russie disait encore mercredi Emmanuel Macron.

Grille de lecture imposée à Moscou

Enfin, cette forte présence européenne en Ukraine ce jeudi pousse de fait Moscou vers une grille de lecture plus européenne du conflit. C’est ce que soulignait notamment Jean-Pierre Raffarin ce matin sur LCI en évoquant  une visite ”à très haut risque”.

“Les Russes voient bien qu’il y a un espoir européen en Ukraine et qu’au fond, c’est sans doute une forme de l’énergie ukrainienne assez extraordinaire assez admirable qui se déroule dans ce pays. Mais derrière cette énergie, il y a une vision et elle est profondément européenne, donc pour les Russes, séparer l’Ukraine de l’Europe c’est important”, analysait l’ancien Premier ministre. Important mais difficile, surtout ce jeudi.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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