Macron moqué pour son débat (pas spontané du tout) à Poissy

Emmanuel Macron photographié durant un échange avec des résidants de Poissy  (Photo: REUTERS/Benoit Tessier)
Emmanuel Macron photographié durant un échange avec des résidants de Poissy (Photo: REUTERS/Benoit Tessier)

POLITIQUE - Une mise en scène qui met à mal le récit macroniste d’un président sortant préférant débattre directement avec les Français qu’avec les candidats à l’élection présidentielle. Ce lundi 7 mars dans la soirée, Emmanuel Macron faisait son premier déplacement de campagne à Poissy, ville des Yvelines dirigée par l’un de ses proches, Karl Olive.

Un événement bâti sous la forme d’un débat face à 250 habitants, organisé par le maire de la ville. Sauf que, comme l’ont remarqué plusieurs journalistes sur place, et comme l’explique en détail France inter ce mardi matin, la salle était largement acquise au chef de l’État. En témoignaient, notamment, les applaudissements nourris de l’assistance. La radio rapporte par ailleurs que les questions des intervenants étaient prévues, et écrites en amont. Ce qui tranche avec la discussion “spontanée” vendue par l’entourage du candidat.

“J’ai constitué un panel représentatif d’habitants. Ils m’ont envoyé des dizaines de questions, j’ai choisi les plus pertinentes”, assure à France inter Karl Olive, qui jure que les questions n’ont pas été transmises à l’avance à Emmanuel Macron. Reste que ce format offre un angle idéal aux adversaires du chef de l’État, qui s’indignent de son refus de croiser le fer avec les 11 autres prétendants à l’Élysée sur un plateau de télévision.

“Imposture totale”

“Non seulement Emmanuel Macron refuse de débattre face aux autres candidats, mais en plus ses ‘débats’ avec les Français sont des échanges soigneusement préparés en avance”, a taclé la candidate du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen sur Twitter.

Même son de cloche chez Jean Lassalle. “Je me suis donc rendu à Poissy. Après des palabres qui ont commencé à 17h45 pour se terminer à 19h15 la réponse est tombée: impossible de participer au débat. Vive la démocratie! Il commence très fort sa campagne. Un débat public pas si public que ça”, a tweeté le candidat à l’élection présidentielle.

À gauche, le député insoumis Bastien Lachaud a dénoncé une “imposture totale” commise par le chef de l’État. “Le débat vu par Macron, c’est l’absence de contradiction et la comédie”, a raillé celui qui est justement en charge des événements de Jean-Luc Mélenchon pour cette campagne présidentielle.

Sur le même réseau social, le socialiste Boris Vallaud a moqué la justification du président de la République, qui préfère “débattre avec les Français” qu’avec les autres candidats. Des Français “choisis à l’avance”, a ajouté le député des Landes. Si Emmanuel Macron voulait éviter une confrontation directe avec ses concurrents, il a, en contrepartie, prêté le flanc aux spéculations sur sa présumée “peur” de débattre de son bilan face à de (vrais) contradicteurs.

Au HuffPost, l’équipe du président/candidat dément toute mise en scène, et assure que la salle n’était pas entièrement acquise à Emmanuel Macron. Pour preuve, un sujet de RMC rapportant les réactions contrastées de l’assistance à la fin de l’exercice. Quant aux questions prévues en avance, l’équipe du candidat affirme qu’il s’agit d’un procédé normal pour ce type de format “hybride”, a mi-chemin entre le grand débat et la réunion publique et ce, afin d’éviter “que la discussion parte dans tous les sens”.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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