Macron hésite encore sur les retraites, une troisième voie à l’étude

Le président de la République a une nouvelle idée pour faire passer sa réforme des retraites : l’inscrire au menu d’un budget rectificatif au début de l’année 2023. Une option qui revêt bien des avantages.

POLITIQUE - Un « R » supplémentaire pour prendre un peu d’air. Après avoir mis, sur la table, l’hypothèse consistant à faire passer sa réforme des retraites via un amendement au budget de la sécurité sociale, appelé « PLFSS », Emmanuel Macron envisage une autre voie : celle du PLFSS-R, autrement dit, le budget rectificatif de la sécurité sociale.

Selon plusieurs médias, dont Le Canard enchaîné ou Les Échos, le président de la République devrait présenter cette troisième option ce mercredi 28 septembre au soir aux pontes de la majorité, au cours d’un dernier dîner de concertation à l’Élysée. De quoi sortir par le haut de cette valse-hésitation ? La voie du PLFSS rectificatif semble alléchante pour le président de la République, attaché, plus que jamais, à mener à bien sa réforme phare.

Gagner du temps, calmer le MoDem…

Il faut dire que les deux « véhicules législatifs » envisagés jusqu’à présent par Emmanuel Macron n’ont pas suscité d’élan irrésistible au sein même de sa majorité. D’un côté se trouvent les partisans d’une action rapide pour concrétiser enfin la promesse présidentielle. Quitte à s’exonérer d’une loi « ad hoc », c’est-à-dire entièrement dédiée à la réforme de retraites et à passer par un amendement au budget de la Sécu dès cet automne.

De l’autre, les chantres de la concertation, inquiets du climat social éruptif en France, tentent de peser de tout leur poids pour repousser le couperet et gagner quelques semaines de « dialogue ». C’est le cas par exemple de la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, ou du principal allié du chef de l’État, le MoDem. Les députés centristes, pourtant favorables sur le fond à une refonte du système, ont même annoncé qu’ils ne voteraient pas la réforme par amendement.

Dans ce contexte, la nouvelle option agitée au plus haut sommet de l’État revêt un triple avantage pour l’exécutif : câliner un François Bayrou offensif contre le moindre « passage en force », se donner de l’air pour ouvrir plusieurs mois de concertation avec les partenaires sociaux, sans renier l’ambition réformatrice affichée depuis cinq ans

...et éviter l’obstruction ?

« Quatre mois de discussions » suffisent, a d’ailleurs pris soin d’expliquer François Bayrou dimanche dernier pendant son discours de rentrée, pour donner une sorte de gage de bonne volonté. Difficile de l’imaginer désormais se dédire et refuser la réforme en janvier prochain, période à laquelle le PLFSS-R, le projet de loi de financement de la sécurité sociale rectificatif, pourrait être présenté. Pour une première entrée en vigueur en juillet 2023.

Et ce n’est pas tout. Les lois budgétaires offrent plusieurs garde-fous fous intéressants à l’exécutif dans le contexte actuel. Leurs débats sont effectivement limités dans le temps, à cinquante jours maximum, et les sujets qui peuvent y être abordés ne doivent pas dépasser le cadre du budget. En d’autres termes, cette méthode permettrait, également, au chef de l’État et à sa Première ministre de se prémunir d’une trop longue obstruction de l’opposition… et donc de l’enlisement des discussions.

Si la question « quand » va donc connaître dénouement, reste au gouvernement à répondre à l’interrogation « quoi ? ». Car au-delà du calendrier, le flou s’épaissit autour de la réforme, de son but et de ses contours. Un projet auquel les Français sont majoritairement opposés, qu’il arrive cet automne ou cet hiver. Avec le PLFSS ou le PLFSSR.

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