Macron exhorte Netanyahu au « transfert des revenus de l’Autorité palestinienne », de quoi parle-t-il ?

Emmanuel Macron a appelé le Premier ministre israélien, ici en octobre 2023, à reprendre sans plus tarder le transfert des revenus de l’Autorité palestinienne.
CHRISTOPHE ENA / POOL/AFP via Getty Images Emmanuel Macron a appelé le Premier ministre israélien, ici en octobre 2023, à reprendre sans plus tarder le transfert des revenus de l’Autorité palestinienne.

INTERNATIONAL - Annexion économique. Emmanuel Macron a appelé ce mardi 4 juin le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. Parmi les nombreux sujets abordés lors de cet échange, l’accord de cessez-le-feu proposé par les États-Unis ou encore le sort des otages à Gaza détenus par le Hamas. Moins attendu, le président a aussi tenu à évoquer la situation économique dramatique dans laquelle sont engluées la bande de Gaza et la Cisjordanie occupée.

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Appelant de nouveau à la création d’un État palestinien gouverné par une « Autorité palestinienne réformée et renforcée », Emmanuel Macron a également rappelé à Benjamin Netanyahu la responsabilité d’Israël à ne pas faire obstacle au « transfert des revenus de l’Autorité palestinienne. »

De fait, avec la guerre contre le Hamas à Gaza, Israël a resserré son emprise sur l’économie des territoires palestiniens. L’Autorité palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas est désormais privée d’une manne financière israélienne.

Recettes douanières gelées

Après l’attaque meurtrière du Hamas le 7 octobre, Israël a en effet cessé de reverser l’intégralité de ces recettes douanières, arguant refuser de financer le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu’elle considère comme une « organisation terroriste ». Cette sanction a été pensée et orchestrée par Bezalel Smotrich, le ministre des Finances israélien, qui ne cache pas ses ambitions de faire tomber l’Autorité palestinienne.

Outré, Mahmoud Abbas a d’abord refusé de recevoir le reliquat accordé par Israël. La Norvège, qui mène une médiation, a annoncé en février que quelque 115 millions de dollars (environ 105 millions d’euros) avaient finalement été versés par l’État hébreu, avait rapporté l’agence Reuters.

À plusieurs reprises lors des regains de violences avec la Palestine, Israël avait suspendu ces transferts. Selon plusieurs économistes, ces sommes représenteraient près de 60 % des revenus de l’Autorité palestinienne.

Un trou de sept milliards de dollars

Sans ces fonds, celle-ci est « en difficulté pour payer les salaires de ses fonctionnaires et pour ses dépenses courantes », rappelait mi-avril Taher Labadi, chercheur en économie politique à l’Institut français du Proche-Orient, interviewé par l’AFP.

Outre ces recettes de douane essentielles, 130 000 Palestiniens de Gaza ont été privés de permis de travail en Israël, les laissant sans revenus. Plus d’un actif sur trois est au chômage en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967 où vivent trois millions de personnes. Deux fois plus qu’avant la guerre.

« En interdisant aux travailleurs palestiniens d’entrer en Israël et en retenant les taxes palestiniennes », Israël vise « à saper l’Autorité palestinienne parce qu’il la considère comme un ennemi », analysait en avril à l’AFP le chercheur israélien Michael Milshtein, spécialiste des questions palestiniennes.

Le Premier ministre palestinien, Mohammed Mustafa, déplore, lui, une « crise financière sans précédent », avec un trou de sept milliards de dollars (environ 6,5 milliards d’euros) dans l’exercice fiscal courant, soit plus d’un tiers du PIB des Territoires palestiniens.

Dans un rapport publié fin mai, la Banque mondiale évoque, quant à elle, une faillite qui plane comme une épée de Damoclès au-dessus de l’économie palestinienne. Elle constate que la « situation de l’Autorité palestinienne s’est dégradée ces trois derniers mois de façon dramatique, ce qui élève le risque d’un effondrement budgétaire ».

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