"Macron la donne, la gifle" : Christine Angot dénonce la Légion d'honneur décernée à Thierry Ardisson
L'autrice française, qui a vécu des moments d'"humiliation" sur le plateau de Thierry Ardisson, s'insurge contre la distinction remise à l'homme en noir.
La Légion d'honneur décernée jeudi 11 avril à Thierry Ardisson a déplu à Christine Angot. Dans une tribune publiée par Libération, l'autrice revient sur ses expériences douloureuses sur le plateau de l'animateur, entre la fin des années 1990 et le début des années 2000. Celle qui venait y défendre des ouvrages racontant les viols que son père lui a fait subir à l'adolescence se souvient de "l'humour-humiliation" du présentateur, et regrette qu'il soit "honoré des mains du Président."
Elle raconte d'abord son premier passage dans l'émission Tout le monde en parle, en 1999, pour la promotion de son livre L'Inceste : "Quand Thierry Ardisson lit ce qu’il appelle le pitch, 'son père la forçait à manger des clémentines sur son sexe', les gens rient, David Hallyday, Clémentine Célarié… Lui : 'C'est l’inceste hein ! Il la sodomisait'."
"Il y avait toujours une belle fille qui ponctuait la parole de Ardisson et de Baffie (chroniqueur du programme, NDLR). Cette année-là, c’était Linda Hardy, qui me demande pourquoi je ne souris pas", poursuit-elle.
"Tu m'écoutes sinon je te claque"
L'année suivante, l'autrice retourne sur le plateau pour défendre son livre Quitter la ville, échec commercial et critique : "Ils lisent des phrases insultantes qu’il y a eu dans la presse, à propos de moi, et à connotation sexuelle. J’essaye de répondre. Baffie hurle : 'Je suis en train de parler Christine : tu m’écoutes sinon j’te claque'.", écrit-elle. Avant d'ajouter: "La scène est dans mon film. Tout le monde peut vérifier", un référence à son documentaire Une famille, actuellement en salles.
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"Quand la belle fille de cette année-là, Sarah Marshall, dit : 'Il y aura peut-être pas de prochain bouquin', Là, c’est trop pour moi. Je m’en vais", écrit-elle encore.
"Ils n’ont pas changé d’époque"
Christine Angot revient alors sur la Légion d'honneur décernée à Thierry Ardisson : "L’humour-humiliation, c’est le type de 'service public' que la télé française a rendu tous les samedis soir à la société pendant tant d’années, et qui se trouve aujourd’hui honorée des mains du Président."
"Dans un système où la respectabilité est indexée sur la richesse, la force, le pouvoir, ceux qui les détiennent ne peuvent que recevoir admiration, sourire, médaille, Légion d’honneur. On a changé d’époque. Mais, eux, ils n’ont pas changé d’époque."
"C’est une gifle (...) Baffie l’avait annoncée : 'Je suis en train de parler, Christine, tu m’écoutes, sinon j’te claque.' Macron la donne, la gifle."